C’est à Vincent Manga qu’a été remise la tête de Zaida Catalan, l’un des deux experts de l’ONU exécutés en mars 2017 au Kasaï. C’est ce qu’a soutenu ce mardi le ministère public lors d’une nouvelle audience du procès des présumés meurtriers de ces deux experts devant la Cour militaire de l’ex-Kasaï-Occidental. L’audience a été consacrée au débat sur un rapport d’expertise effectué notamment des mèches de cheveux saisies sur Manga lors de son arrestation.
Compte-rendu d’audience
Le rapport d’expertise établi par l’institut médico-légal national de Suède révèle que les mèches de cheveux retrouvées sur Vincent Manga lors de son arrestation appartenaient à Zaida Catalan.
Après la lecture de certains extraits de ce document, le ministère public affirme que c’est à Vincent Manga que la tête de l’expert de l’ONU a été remise après son exécution.
«Je ne tue pas les gens. Je n’avais pas coupé cette tête», répond le prévenu.
«Comment vous pouvez dire que vous n’aviez pas la tête alors que les cheveux qui étaient sur cette tête ont été retrouvés entre vos mains», demande alors le général Muwau qui poursuit : «Les cheveux ne peuvent être que sur une tête».
Le ministère public soutient qu’en plus d’être un chef milicien, Vincent Manga confectionnait également des fétiches pour la milice. D’où la présence des nombreuses formules fétichistes dans un carnet saisi sur Vincent Manga.
Le même rapport d’expertise révèle également que ce carnet appartenait également à Zaida Catalan.
Manga soutient l’avoir acheté auprès d’un chef milicien. Ses avocats, eux, s’intéressent à la procédure. Ils estiment que la Cour ne doit pas tenir compte de ce rapport d’expertise dont la production, selon eux, n’a pas respecté certaines dispositions légales. Me Moïse Bibua cite l'article 64 du code judiciaire militaire qui reprend notamment le serment que doit prêter un expert.
L’avocat fait savoir que dans le dossier présenté à la Cour, rien n'indique que les experts suédois qui ont effectué l'expertise ont prêté serment suivant le prescrit de la loi congolaise.
La Cour promet alors de donner son avis à ce sujet dans son arrêt.