L’épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) ne constitue pas, à ce jour, une urgence de santé publique de portée internationale. C’est la conclusion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international réuni mercredi à la demande du chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Déclarée par les autorités congolaises le 1er aout dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC), la dernière épidémie d’Ebola a également été constatée dans la province de l’Ituri, plus au nord.
Entre le 4 mai et le 15 octobre 2018, 216 cas d’Ebola (181 confirmés et 35 probables) ont été signalés en RDC. Au total, 139 décès sont survenus (104 confirmés et 35 probables).
Le 28 septembre, l’OMS avait relevé le risque de propagation du virus en RDC, le qualifiant de « très élevé » aux niveaux national et régional.
Neuf pays voisins de la RDC ont été informés qu'ils couraient un risque élevé de propagation et ont été aidés avec du matériel et du personnel, plus particulièrement l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et le Soudan du Sud en ce qui concerne les activités de préparation.
Lundi dernier, le chef de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a décidé de convoquer une réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international afin de lui demander son avis sur une possible déclaration d’urgence de santé publique de portée internationale.
Après avoir entendu les dernières mises à jour de la situation par le ministère de la santé de la RDC, la mission des Nations Unies dans le pays (MONUSCO) et le Secrétariat de l’OMS, le Comité n’a pas jugé nécessaire de proclamer un tel état d’urgence à l’échelle internationale.
Une riposte compliquée par le conflit et la méfiance de la population
Le Comité a toutefois conclu que l'épidémie d'Ebola se déroulait dans un contexte particulièrement complexe et posait plusieurs défis importants : une zone de conflit actif doublée d’une crise humanitaire prolongée. Au cours des huit dernières semaines, huit incidents de sécurité se sont produits dans la zone de Beni.
La méfiance de la population reste également un problème important qui exige de la communauté et des partenaires nationaux et internationaux un engagement plus profond.
Par ailleurs, le Comité estime que les nouveaux cas d’Ebola identifiés sans liens épidémiologiques sont extrêmement préoccupants et nécessitent une cartographie épidémiologique plus détaillée.
La riposte doit être intensifiée, plus particulièrement à Beni et à Butembo
Bien qu’il n’ait pas jugé nécessaire de déclarer d’urgence de santé publique de portée internationale, le Comité a dispensé plusieurs conseils.
Kinshasa, l’OMS et leurs partenaires doivent intensifier la réponse en cours, faute de quoi « la situation risque de se détériorer considérablement ». Cette réponse devrait être soutenue par l'ensemble de la communauté internationale.
Le Comité estime qu’une attention particulière devrait être accordée à la riposte à Beni et à Butembo et que les vaccins doivent être homologués d'urgence et leur offre accru.
Si le filtrage des sorties de la RDC, y compris dans les aéroports, les ports et les points de passage terrestres, revêt une grande importance, le Comité souligne qu'aucune restriction en matière de voyages ou de commerce internationaux ne doit être appliquée.