La Banque mondiale va allouer cent millions de dollars américains - financement de l’Association internationale de développement (IDA) - à la prévention des violences sexistes en République démocratique du Congo. Dans un communiqué de presse publié jeudi 6 septembre 2018, Jean-Christophe Carret, directeur des opérations de cette institution financière affirme qu’il s’appuiera sur une collaboration étroite avec les organisations de la société civile.
« Dans un pays comme la RDC, où la société civile est dynamique, il est absolument vital de donner des moyens d’action aux organisations communautaires et de les mobiliser dans la lutte contre les violences sexistes », a affirmé Jean-Christophe Carret.
Selon ce haut cadre de la banque mondiale, en plus de soutenir les victimes, le projet s’emploiera à faire évoluer les normes sociales en promouvant l’égalité hommes-femmes et en suscitant des changements de comportement.
« En RDC, où plus de 70% des femmes et près de 60% d’hommes trouvent normal qu’un mari batte sa femme, l’implication des hommes et des garçons permettra de démontrer que ces violences ne sont pas simplement une affaire « d’ordre privé », mais qu’elles concernent toute la collectivité », affirme Jean-Christophe Carret.
Pour lui, l’absence d’autonomie économique étant l’une des causes des violences à l’encontre des femmes, le projet s’efforcera, à travers l’épargne et des activités rémunératrices à l’échelle communautaire, « de créer des moyens de subsistance et des débouchés économiques ».
Le Projet de prévention et de lutte contre les violences sexistes concernera directement 795 000 bénéficiaires au cours des quatre prochaines années, dont 400 000 femmes et filles.
Malgré le recul des violences physiques à l’encontre des femmes et des violences sexuelles entre 2007 et 2014, passées respectivement de 64 à 52 % et de 33 à 27 %, leur prévalence reste à un niveau inacceptable, souligne la Banque Mondiale.
En outre, le projet s’appuiera sur l’expertise des centres d’excellence existants, notamment l’hôpital et la fondation de Panzi dans le Sud-Kivu et Heal Africa dans le Nord-Kivu.
Ces deux structures sanitaires ont une expérience confirmée du traitement des violences sexistes en situation d’urgence. Elles gèrent aussi des dispensaires itinérants dans les zones isolées, où l’insécurité et les violences sexuelles sont endémiques.