Le président de la CENI a proposé mardi dernier le mode de scrutin « semi électronique », consistant à faire intervenir « la machine à voter» dans le processus de vote pour réduire le coût des élections mais également le temps de compilation des résultats. Cette proposition suscite des commentaires des journaux parus jeudi 7 septembre à Kinshasa.
Si des experts en questions électorales sont prêts à concéder à Corneille Nangaa l’idée de l’économie des fonds dans l’organisation des élections, ils refusent par contre de le suivre dans la voie de l’introduction de la machine à voter, note Le Phare, qui fait savoir que, pour ces experts qu’il a interrogés, la machine à voter présente autant de facilité de fraude électorale que le vote électronique.
Selon eux, poursuit le quotidien, une machine à voter installée dans un bureau de vote peut servir simplement de trompe-l’œil alors qu’une autre, parallèle, installée au centre de compilation, peut faire le même travail à distance, pour sortir des résultats destinés à faire gagner un candidat ou un parti politique.
Et dans le contexte de la RDC, estime le tabloïd, des candidats et électeurs soucieux de connaître la vérité des urnes ont toutes les raisons de se méfier d’un mode de vote incontrôlable en amont comme en aval. Le journal appelle la CENI à commencer d’abord à se rendre réellement indépendant vis-à-vis du pouvoir exécutif, avant d’envisager un quelconque recours aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC).
Mais, « Aucun mode de scrutin n’est parfait dans l’absolu, mises à part la conjoncture et les obligations d’une société à une époque précise» semble répondre au journal Le Phare le président de la CENI, cité par Forum des As.
Pour Corneille Nangaa en effet, poursuit le quotidien, l’ancien mode électoral confère au législateur plus d’influence sur les résultats des élections que l’électeur qui choisit son candidat.
«Un système électoral très innovant», estime de son côté L’Avenir, précisant que l’usage des machines à voter permettra au pays de diminuer le coût des élections que le journal évalué déjà à 2,8 milliards de dollars américains.
Le tabloïd explique par ailleurs que ce mode de scrutin est pratiquement le même que le vote traditionnel. La seule différence, c’est le remplacement du bulletin de vote traditionnel par un bulletin de vote unique, spécifique et vierge.
Mais l’usage du vote électronique est interdit par la loi électorale en vigueur, a prévenu le Mouvement de libération du Congo (MLC) dans un communiqué publié mercredi 6 septembre. D’après le site d’information en ligne Kinshasatimes.cd qui livre cette information, le parti de Jean-Pierre Bemba récuse donc cette proportion de la CENI pour non-conformité à la loi, précisant qu’elle viole l’article 237 de la loi électorale qui indique que le mode de vote électronique ne peut être appliqué pour les élections en cours.
«Réunion spéciale sur la RDC à l’ONU»
Les journaux parus mercredi à Kinshasa s’intéressent également à la réunion sur la RDC, prévue au siège de l’ONU le 18 septembre.
Au menu de cette rencontre: la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016 et la garantie de la poursuite du processus électoral par la publication d’un calendrier électoral «précis», fait savoir Le Potentiel.
Le journal qui estime que cet accord n’a jamais été strictement appliqué, s’attend à ce que la communauté internationale franchisse le Rubicon lors de cette réunion, en usant des moyens forts, sinon coercitifs, pour contraindre le régime en place à Kinshasa à organiser les élections en 2017, conformément au prescrit de l’accord de la Saint Sylvestre.
Pourtant, croit savoir La Prospérité, la CENI se prépare déjà à rendre public un chronogramme des élections s’échelonnant au-delà de 2017 à cause des contraintes techniques, légales, financières.
Le journal, qui rappelle que récemment le ministre des Affaires étrangères belge avait appelé à la mise en œuvre intégrale de l’accord du 31 décembre, craint une session de l’ONU avec des empoignades et des pressions sur Kinshasa.