Revue de presse kinoise du 7 juin 2017. La recommandation de l’ONU au gouvernement congolais de fixer le principe d’une «enquête conjointe» sur les violences dans les provinces des Kasaï interessent les sites web d’informations et les journaux parus ce jeudi à Kinshasa.
«Kasaï: L’ONU exige à Kinshasa des réponses appropriées d’ici deux jours», écrit Actualité.cd à la une. Le site note que le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a affirmé attendre, dans les deux jours à venir des engagements de la RDC au sujet des enquêtes relatives aux violences qui secouent la région du Kasaï.
« À moins que je ne reçoive des réponses appropriées du gouvernement [congolais] concernant une enquête conjointe avant le 8 juin, j’insisterais sur la création d’un mécanisme d’une enquête internationale pour les Kasaï », a menacé le haut fonctionnaire de l’ONU à l’ouverture du 35ème Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève, en Suisse.
Déplorant « les difficultés » d’accès aux zones où des violations et des abus « se produisent », rapporte Actualité.cd, Al Hussein a déclaré qu’il va « envoyer une équipe dans la région, la semaine prochaine, pour rencontrer des personnes fuyant les attaques».
Il a, enfin, noté que la situation était « grave » dans les provinces des Kasaï et qu’elle continuait « à se détériorer », se propageant dans d’autres provinces et à travers la frontière avec l’Angola, souligne le site.
Le Potentiel estime que les Nations unies et la communauté internationale ne laisseront pas impuni l’assassinat de l’Américain Michael Sharp et de la Suédo-chilienne Zaida Catalan, en mars dernier dans les Kasaï.
Kinshasa, indique le quotidien, cherche par tous les moyens à se dédouaner de ce meurtre, en incriminant notamment les miliciens Kamuina Nsapu.
Lundi dernier, il a ouvert à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï-Central, un procès mettant en cause des présumés assassins de ces deux experts onusiens. Mais à New York, siège des Nations unies, et à Washington, capitale fédérale des États-Unis, on exige une «enquête spéciale» pour faire toute la lumière sur cette affaire, note le journal.
Le journal fait également remarquer que la communauté internationale n’est pas prête à classer ce dossier malgré que le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende avait présenté à la presse une vidéo retraçant la scène de l’assassinat de deux experts onusiens.
Le Phare indique que le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme accuse Kinshasa d’avoir rendu volontairement inaccessibles aux observateurs étrangers, les zones sensibles où ont été commis et continuent de se commettre des massacres et violences de toutes sortes (Grand-Kasaï). Et le journal de déplorer une « situation sécuritaire fort préoccupante dans l’espace kasaïen, avec l’existence de quarante-trois fosses communes, le bilan de 400 morts (le député Sessanga a chiffré les morts à 3 304), plus de 1 300 000 déplacés, dont plus de 30 000 réfugiés recensés en Angola ».
Zeid Ra’ad, note le tabloïd, a fait remarquer qu’au moment où se tenait la 35eme session de son institution, les Kasaï étaient toujours le théâtre des violences et massacres, avec comme circonstance aggravante l’usage disproportionné de la force par l’armée et la police nationale dans la chasse aux miliciens Kamuina Nsapu.
Le Phare est d’avis que la recommandation, par les Nations unies, d’une enquête spéciale sur l’assassinat de leurs experts au Kasaï augure un bras de fer entre Kinshasa et la communauté internationale. Quant à savoir comment l’affaire va se terminer, personne n’ose risquer un pronostic, conclut le journal.
La Prospérité indique, pour sa part, que la menace onusienne intervient après que 262 ONG congolaises et 9 organisations internationales avaient pressé, début juin, le Conseil des Nations Unies aux droits de l’homme d’établir une commission pour enquêter sur les violences meurtrières qui secouent la région du Kasaï, depuis août 2016.
Ce coup de tonnerre de l’ONU va, selon le quotidien, certainement, venir envenimer les relations déjà tendues entre le pouvoir de Kinshasa et la communauté internationale avec la toute-puissante ONU en tête.
«Requête de l’ONU sur le meurtre de deux experts, la RDC exige la direction de l’enquête », écrit L’Avenir à la une. Le journal signale que le gouvernement congolais a acté les procès qui ont commencé aussi bien à Kananga qu’à Mbuji-Mayi pour montrer sa bonne foi dans la poursuite des auteurs de ces crimes.
Le tabloïd s’étonne que c’est pendant ce temps qu’intervient la demande de l’ONU pour l’ouverture d’une enquête internationale. La RDC ne trouve pas d’inconvénients dans cette initiative mais elle exige seulement qu’elle garde le leadership dans cette démarche.
Le gouvernement congolais, rapporte L’Avenir, reste ouvert et accepte la collaboration de l’ONU pour une enquête internationale sur les violences au Kasaï dont elle gardera la direction, a affirmé mardi dernier la ministre des Droits humains, Marie-Ange Mushobekwa. Citée par le tabloïd, la ministre congolaise a déclaré a Radio Okapi: «le gouvernement n’a rien à cacher. Nous restons ouverts à tout appui logistique et technique et que si l’ONU veut nous envoyer des experts en appui aux enquêteurs congolais pour faire la lumière dans l’assassinat de Sharp et Catalan et d’autres Congolais assassinés par la milice de Kamuina Nsapu, ces équipes sont les bienvenues ».