La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) estime que la nomination du Premier ministre, issu du Rassemblement de l’opposition de l'aile Olenghankoy, constitue une entorse à l’accord du 31 décembre 2016. Elle l’a dit vendredi 21 décembre lors d’une conférence de presse, à Kinshasa.
«La CENCO déplore que les consultations entre le Chef de l’Etat et le Chef de délégation du Rassemblement aux négociations au terme desquelles allait être nommé le Premier ministre n’aient pas eu lieu. Malgré tout, un Premier ministre a été nommé. Ceci constitue une entorse à l’Accord de la Saint-Sylvestre et explique la persistance de la crise», indique la déclaration publiée à cette occasion par l'épiscopat congolais.
Il appelle à la mise en oeuvre intégrale de cet accord conclu sous son égide pour la gestion consensuelle du pays après le 19 décembre 2016, date marquant la fin du second et dernier mandat du président Joseph Kabila. «Il est urgent de hâter la signature» de l’arrangement particulier qui fixe les modalités d’application de cet accord, estiment les évêques.
Les évêques catholiques rappellent l’engagement pris par Joseph Kabila lors de son discours du 5 avril de trouver solution aux deux points de blocage à la signature de l’arrangement particulier : le mode de désignation et de nomination du Premier ministre ainsi que la présidence du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral. Sur ces deux questions, la CENCO considère que « sortir du compromis politique convenu entre les parties prenantes serait violer l’accord de la Saint Sylvestre».
Au sujet des mesures de décrispation politique, la CENCO note que plusieurs prisonniers politiques et d’opinion ont été libérés. Cependant, «d’autres cas, en particulier ceux de Jean-Claude Muyambo et de Moïse Katumbi, n’ont pas encore été résolus», font remarquer les évêques, déplorant «une certaine léthargie dans l’application de ces mesures de décrispation».
L’épiscopat congolais appelle les acteurs politiques et sociaux à «être plus sensibles aux souffrances du peuple congolais », qui fait les frais de la crise économique, marquée par «la dépréciation inquiétante du franc congolais et la diminution croissante du pouvoir d’achat de la population».