Le monde célèbre ce lundi 2 novembre la deuxième journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes. Selon l’ONU, plus de sept cents journalistes ont été tués au cours de la dernière décennie. Sur dix crimes commis contre des professionnels des médias pendant cette période, un seul a abouti à une condamnation.
En République démocratique du Congo, plusieurs journalistes ont aussi été assassinés en 10 ans. Il y a notamment Franck Ngyke du quotidien "La Réréfence Plus", Serge Maheshe et Didace Namujimbo de Radio Okapi.
Serge Maheshe a été abattu le 13 juin 2007 sur l’avenue Saio, en pleine ville de Bukavu. Le procès, commencé immédiatement après son assassinat connaîtra de multiples rebondissements. A l’issue du procès en appel, trois suspects seront condamnés à mort. Les deux amis de Maheshe, témoins du crimes, d’abord condamné au premier degré seront acquittés. Tout au long du procès, les organisations de défense des droits humains n’ont cessé de dénoncer des irrégularités.
Didace Namujimbo
Didace Namujimbo est, après Serge Maheshe, le second journaliste de Radio Okapi à être assassiné, le 21 novembre 2008, toujours à Bukavu. La victime a été tuée d’une balle dans le cou, juste en-dessous de l’oreille droite, selon les témoignages de son frère aîné. Son corps a été retrouvé dans la rue, à 50 mètres de sa résidence.
A l’issue d’un procès qui aura duré deux ans, trois accusés ont été condamnés à la peine capitale, cinq ont été acquittés et sept autres condamnés à des peines d’emprisonnement variant de seize mois à 5 ans.
Le tribunal militaire a aussi reconnu le droit à la réparation pour la veuve du journaliste assassiné. Le gouvernement congolais doit verser, solidairement avec les militaires condamnés, des dommages intérêts de l’ordre de 500 000 dollars américains à la veuve et de 250 000 dollars américains au père de Didace Namujimbo. Des dommages-intérêts pas encore versés à ce jour.
Double assassinat de Ngyke : «procès au goût amer»
Si la célébration de la journée de la fin des crimes commis contre des journalistes tombe le 2 novembre, le 3 novembre, les amis et proches de Franck Ngyke se souviennent de sa mémoire. Ce jour de 2005, ce journaliste du quotidien «La Référence Plus», paraissant à Kinshasa a été assassiné en compagnie de sa femme Hélène Mpaka.
Le procès des auteurs de ce double assassinat a duré 10 mois. Le verdict du tribunal a condamnés deux accusés à mort, un autre a à perpétuité, tandis qu’un troisième a été acquitté. Les trois condamnés étaient tous militaires.
Un verdict qui n’a satisfait ni les avocats des accusés, ni la partie civile. Tous restent convaincus que les vrais assassins sont protégés.
Pour l’ONG de défense des droits de journalistes, Journaliste en danger (Jed) par exemple, le tribunal militaire n’avait pas été en mesure de lever toutes les zones d’ombre qui entourent cette affaire.
Le mobile de cet assassinat est demeuré un «grand mystère» après ce procès au «goût amer», a finalement estimé Jed.
Dupont et Verlon : les enquêtes piétinent
Il y a deux ans, Radio France internationale (RFI) a également perdu deux de ses journalistes au Nord du Mali : Ghyslaine Dupond et Claude Verlon. Les deux hommes des médias étaient enlevés puis assassinés près de Kidal.
Deux ans après, l’enquête n’a pas avancé alors qu’on célèbre aujourd’hui la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes.
Pour l’Onu, l’impunité contre les crimes commis sur les journalistes, non seulement encourage les criminels, mais aussi décourage la société, y compris les journalistes eux-mêmes. L’impunité favorise l’impunité et alimente un cercle vicieux.
L’Assemblée générale des Nations unies a adopté, le 2 novembre 2013, la résolution A/RES/68/163 qui a proclamé Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.
Cette résolution a exhorté les États membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date a été choisie en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français au Mali le 2 novembre 2013.
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