Massacres de Beni : «une situation inadmissible», pour le vice-gouverneur du Nord-Kivu

La ville de Beni au Nord-Kivu. Radio Okapi/Ph.Martial Papy Mukeba.

Dans un message samedi 22 novembre, le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Feller Lutahichirwa, a condamné le massacre jeudi dernier de la population civile par des présumés rebelles ougandais de l’ADF dans le secteur de Masulu-Kwede, non loin de Mavivi, dans le territoire de Beni. Il estime que cet acte est «inadmissible et ne pourra pas rester impuni ».

« Au moment où nous ressentions encore la profonde douleur des tueries d’Eringeti, de Mayi Moya, d’Oïcha, de Ngadi, de Munzambayi, voici un nouveau carnage qui vient alourdir le bilan des personnes tuées en l’espace d’un mois et demi, passant de 100 à plus de 200 personnes massacrées. Cette situation est inadmissible, et ces actes ne pourront pas rester impunis », a affirmé Feller Lutahichirwa.

Les rebelles de l’ADF auraient tué, jeudi 20 novembre, une cinquantaine de personnes à l’arme blanche dans les villages de Tepoimba et Vemba, à 10 km de Mavivi, en groupement de Batangi-Mbau.

Feller Lutahichirwa a demandé à la population de rester vigilante, réitérant les appels des autorités nationales et provinciales.

«C’est pour moi l’occasion de réitérer l’appel pathétique de Monsieur le président de la République, lors de son dernier séjour en ville de Beni ainsi que celui du Gouverneur de province à l’endroit de toute la population du territoire de Beni, lui demandant de demeurer vigilante, de dénoncer toute présence suspecte autour de soi, et de se désolidariser d’avec, même les fils et les filles du pays qui ont choisi de verser le sang de nos frères et sœurs, pour leurs fins personnelles», a-t-il poursuivi.

Pour mettre fin à cette situation, le vice-gouverneur a aussi exprimé la détermination des autorités « à combattre les assaillants jusqu’au bout ».

Les rebelles de l’ADF multiplient des tueries sur la population civile depuis le mois d’octobre dernier. Ils utilisent des machettes et des houes pour opérer. Le bilan officiel porte  à 200 morts depuis le début du mois d’octobre.

Sécuriser la population

Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej a rencontré samedi 21 novembre les députés de Beni et Lubero du Nord-Kivu. Ils ont échangé sur les derniers massacre des populations à Mavivi, ainsi que les arrestations de certaines personnes présumées impliquées dans les récents événements malheureux dans cette région.

Pour le député national Juma Balikwisha, président du caucus des députés du Nord-Kivu, ils attendent obtenir du ministre de l’Intérieur des assurances quant à la sécurité de la population.

« Le ministre nous a assuré que toutes les dispositions sont prises pour anéantir ces forces qui sèment la désolation », a affirmé Juma Balikwisha.

Selon lui, ce qui se passe ces derniers jours dans le territoire de Beni qui est une zone opérationnelle des FARDC contre les forces négatives, n’est rien d’autre que du terrorisme destiné à créer l’inimitié entre le peuple et les militaires.

« C’est inquiétant parce que pour gagner une guérilla, ou le terrorisme, il faut une complicité totale avec la population. Moi je pensais que c’est que c’est une guerre qu’on veut nous imposer. Je demande au gouvernement de se pencher aussi sur cette piste plutôt que de se concentrer seulement sur la piste ADF », a proposé Juma Balikwisha.

Vendredi dernier, les députés avaient demandé la mise sur pied d’une commission parlementaire pour s’enquérir des circonstances des nombreux massacres survenus dans ce territoire.

Deux jours plus tôt, le représentant spécial-adjoint du secrétaire général de l’Onu en RDC, général Abdalah Wafy, avait réaffirmé la détermination de la mission onusienne à traquer ces commanditaires et à les poursuivre. C’était lors de la conférence hebdomadaire des Nations unies à Kinshasa.

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