L’accord de paix qui devait proclamer lundi 11 novembre la fin de la guerre n’a pas été signé à Kampala par le gouvernement de la RDC et l’ex-rébellion du M23. Le point d’achoppement : l’intitulé du document qui devrait être une « déclaration » de fin de guerre et non un « accord », insiste le gouvernement congolais. Mardi, François Muamba, chargé du suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba a affirmé à Radio Okapi que le document final doit acter que les rebelles du M23 ont été vaincus et que la guerre ne s’est pas terminée grâce à un accord.
« Vous savez quand on dit onze points [du document à parafer, ndlr] l’un des points c’est la disparition du M23. Il ne faut pas que demain ou après-demain, il y ait une fausse lecture ou une lecture biaisée. Le M23 tel qu’il s’est comporté ne disparaît pas parce qu’il y a un accord à Kampala, c’est dans les onze points. La vraie raison, ils ont été vaincus, nous voulons que ça soit acté. Vaincus, chassés, et ils disparaissent », argumente François Muamba, l’un des principaux négociateurs du gouvernement aux pourparlers de Kampala.
A en croire plusieurs sources, hormis l’intitulé, le contenu du document final quoique pas encore rendu public ne pose plus de problèmes aux parties en discussion. C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré mardi à Goma, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC, Martin Kobler qui s’était rendu lundi à Entebbe pour la cérémonie de clôture des pourparlers de paix de Kampala.
« Comment appeler ce papier qui est sur la table : déclaration ? Conclusion ou accord ? C’était la différence mais pas la substance », a indiqué le patron de la Monusco.
Et François Muamba de résumer la position du gouvernement congolais :
«Vous savez la médiation aujourd’hui est dans une situation comparable à un médecin légiste. Il s’agit de constater la mort. Quelle est la cause de la mort ? Il ne faut pas qu’on bricole. La guerre s’est arrêtée puisqu’ils ont été vaincus et dégagés. Si nous signons un document qui s’appelle « accord », et eux [le M23, ndlr] et la médiation vont dire : on a bien travaillé, grâce à cet accord, il n’y a plus de guerre au Kivu», a souligné François Muamba.
Vous pouvez écouter/télécharger l’interview de François Muamba
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Pourparlers pas officiellement interrompus
Les envoyés spéciaux de la communauté internationale présents lundi à Entebbe ont regretté que le gouvernement de la RDC et le M23 n’aient pas conclu un accord comme prévu. Ils ont invité les parties à résoudre les différences en ce qui concerne le format du document et à rester attachées à un règlement pacifique du conflit.
La médiation ougandaise a pour sa part assuré mardi que les pourparlers entre le gouvernement congolais et le M23 vont se poursuivre. Le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo, a indiqué que « les pourparlers n’ont pas été officiellement interrompus » et que le ministre ougandais de la Défense, Crispus Kiyonga, poursuit sa médiation.
Solution politique
Fin octobre, l’armée congolaise appuyée par la brigade d’intervention de la Monusco composée des éléments tanzaniens, malawites, et sud-africains a défait le M23 et récupéré toutes les positions qu’occupaient les rebelles depuis dix-huit mois.
Au-delà de cette victoire militaire, la communauté internationale encourage les deux parties à privilégier une solution politique au conflit, estimant qu’elle sera durable à long terme.
Le M23 se compose des soldats de l’armée congolais ayant appartenu à l’ex-rébellion du CNDP. En mai 2012, ils se sont mutinés pour réclamer la pleine application de l’accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le CNDP et le gouvernement congolais. C’est de cet accord qu’il tire leur appellation de M-23.
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