Le chef militaire du Mouvement du 23 mars(M23), le général Sultani Makenga, a déclaré à l’AFP ce mardi 27 novembre que ses troupes quitteront Goma d’ici vendredi. Il a expliqué que le délai de 48 heures que leur avaient accordé les chefs d’Etat des Grands lacs pour se retirer de la ville était court, expliquant qu’il lui fallait rassembler ses forces avant de se retirer. Mais le chef d’état-major de l’armée ougandaise a pourtant parlé d’un retrait des rebelles jeudi à Midi.
« On attend nos forces qui sont loin de Goma, qu’elles arrivent au lieu de rassemblement avant un retour aux positions initiales dans le territoire de Rutshuru, à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda » a affirmé le chef rebelle.
Le général Makenga s’est rendu lundi en Ouganda où il devait rencontrer les chefs d’état-major ougandais, rwandais et congolais. « Je suis arrivé en retard à cause du mauvais temps et le chef d’état-major de la RDC était déjà reparti », a-t-il confié à l’AFP à son retour au Nord-Kivu.
De son côté, le chef d’état-major de l’armée ougandaise, Aronda Nyakairima, a indiqué que les rebelles du M23 s’étaient engagés à un « retrait total et sans conditions » de Goma d’ici à jeudi midi.
Il a ajouté que, conformément aux résolutions prises par les chefs d’Etat des Grands lacs à Kampala samedi dernier, la rébellion conserverait cent hommes à l’aéroport de Goma. Les chefs d’état-major des pays des Grands lacs devraient se réunir vendredi 30 novembre à Goma pour s’assurer « du respect des accords de démilitarisation dans et autour de la ville » conclus à Kampala.
Méfiance du gouvernement
Le gouvernement congolais se méfie de la promesse du M23 de se retirer de Goma d’ici vendredi, a déclaré à l’AFP son porte-parole, Lambert Mende.
« Nous sommes payés pour nous méfier des promesses des gens qui n’ont pas le sens de la parole donnée. Nous attendons de voir l’effectivité de ce retrait avant d’y croire», a-t-il déclaré, indiquant que le gouvernement s’attendait à ce que ces rebelles quittent Goma depuis la nuit dernière.
« C’est déjà une violation de l’injonction de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs », a-t-il ajouté.
« Une fois qu’ils se seront retirés, le président [Joseph Kabila] va les écouter. Il va procéder à un réexamen des accords de 2009 et va répondre aux griefs qu’il juge légitimes », a fait savoir Lambert Mende. L’examen des accords signés à Goma en 2009 par le gouvernement et l’ancienne rébellion du CNDP, dont sont issus la majorité de responsables du M23, était la principale revendication de ce mouvement rebelle créé en mai dernier.
Au cours d’une conférence de presse tenue ce mardi à Goma, le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga, a conditionné tout retrait de Goma par l’obtention d’un cessez-le-feu et l’établissement d’un calendrier des négociations qui regrouperait aussi la société civile, la diaspora et l’opposition.
Il a également exigé le retrait des groupes armés étrangers actifs en RDC, l’arrestation du général John Numbi-accusé par certaines ONG d’être le principal responsable de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya-, la libération « sans condition » des prisonniers politiques, la dissolution de la Ceni et la levée de la privation des mouvements d’Etienne Tshisekedi.
Réunis dans la capitale ougandaise le samedi dernier, les chefs d’Etats des Grands lacs avaient exigé aux rebelles du M23 de quitter les positions qu’ils ont conquises après leur dernière offensive et de se positionner à environ 20 km de Goma.
Ils ont également décidé du déploiement d’une force composite comprenant une compagnie de la force internationale neutre, une compagnie des FARDC et une compagnie du M23 à l’aéroport de Goma, actuellement tenu par la Monusco.
Lire aussi sur radiookapi.net: