Le député de l’opposition Jean-Claude Vuemba a jugé, dimanche 25 novembre, « inadmissible » que le pouvoir en place accepte de se mettre autour d’une même table avec le M23 qui occupe Goma depuis le mardi 20 novembre dernier. Pour le président du Mouvement du peuple congolais pour la république (MPCR), le gouvernement ne doit pas négocier avec les rebelles qui ont tué des Congolais dans l’Est de la RDC.
Samedi, les chefs d’Etat réunis en sommet extraordinaire de la Conférence internationale de la région des Grands lacs (CIRGL) ont demandé aux rebelles du M23 de quitter Goma dans 48 heures et au gouvernement congolais d’ « écouter, examiner et répondre aux revendications légitimes du M23 ». Les rebelles, eux, refusent de quitter Goma avant les négociations avec Kinshasa.
« C’est depuis trop longtemps que l’opposition congolaise demande des négociations avec le pouvoir après les élections de novembre 2011. Or jusqu’à ce jour, on a toujours été saboté. Nous n’avons rien eu en échange. Et voilà que le M23 après avoir fait la guerre à l’Etat se retrouve sur une même table avec le gouvernement congolais pour trouver un accord. Nous ne pouvons pas l’accepter. Faut-il prendre des armes dans ce pays pour être écouté ? », s’est interrogé Jean-Claude Vuemba.
Le M23 réclame l’application de l’accord du 23 mars 2009 signé entre le gouvernement congolais et l’ex-rébellion du CNDP dont ses chefs militaires sont issus. Après la prise de Goma, les rebelles ont élargi leurs revendications aux questions de démocratie, des droits de l’homme et de bonne gouvernance, accusant le président Kabila d’avoir triché aux élections de 2011. Une partie de l’opposition réclamait un dialogue après ces élections émaillées de fraudes et d’irrégularités, selon les missions d’observation électorale, sans jamais l’obtenir.
Jean-Claude Vuemba a invité le président de la République à convoquer le congrès pour expliquer aux Congolais « les tenants et les aboutissants » de la guerre que mène le M23.
« Il a fallu que le président de la république convoque le congrès pour que nous connaissions les tenants et les aboutissants. Comment expliquer que nous de la représentation nationale nous ne sommes au courant de rien, ni militairement, ni même de ce que le M23 fait vivre à nos compatriotes », a déclaré Jean-Claude Vuemba.
Du côté de la Majorité, le député François Nzekuye, du PPRD, le parti présidentiel, estime que le sommet de Kampala est une avancée diplomatique, ajoutant que le gouvernement ne négocie pas avec le M23 comme certains le pensent mais examine plutôt ses revendications.
« Il y a une solution intermédiaire qui demande à ce que le M23 recule jusque vers leurs positions antérieures avant la prise de Goma. C’est une solution provisoire parce qu’il faudrait que le M23 quitte le territoire congolais », a estimé François Nzekuye.
Il a précisé que c’est à la CIRGL de recevoir les doléances du M23 et de les transmettre au gouvernement congolais.
« Nous avions dit à Kampala que nous allons examiner les revendications du M23 et d’y répondre dans la mesure du possible. Nous n’avons pas dit que nous allons entamer des négociations directes avec le M23. Les revendications sont transmises aux autorités de la CIRGL qui les transmettront à leur tour au gouvernement de Kinshasa. C’est au gouvernement de voir qu’est-ce qu’il y a de légitime et qu’il n’y a pas de légitime dans tout cela », a déclaré François Nzekuye.
L’Onu appelle le M23 à quitter Goma
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé les rebelles du M23 à rendre les armes et à se retirer de la ville de Goma, conformément aux décisions du sommet extraordinaire de la Conférence internationale des Grands lacs (CIRGL) de samedi.
« Le secrétaire général appelle le M23 à rendre immédiatement ses armes, comme le prévoient les accords de Kampala, et à procéder au retrait immédiat de ses forces de Goma », a indiqué son porte-parole dans un communiqué publié le dimanche 25 novembre.
La CIRGL a exigé samedi aux rebelles de quitter la ville de Goma qu’ils occupent depuis mardi 20 novembre. Mais les rebelles ont fait savoir qu’ils ne quitteront pas Goma s’ils n’obtiennent pas un dialogue inclusif avec le pouvoir de Kinshasa, les opposants et la société civile.
Lire aussi sur radiookapi.net: