« Je dirai à Kinshasa ce que je dis partout et ici, en France. Je n’ai pas plusieurs langages. Je n’ai pas plusieurs manières de parler selon mes interlocuteurs », a déclaré ce jeudi 11 octobre le président de la France, François Hollande, au cours d’une interview accordée à RFI, TV5 monde et France 24 qui font partie du groupe de l’audiovisuel extérieur français. Allusion faite aux propos qu’il a tenus mardi dans une conférence de presse au cours de laquelle il a déclaré que « la situation est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l’opposition en République démocratique du Congo ».
Interrogé sur les raisons de sa visite en RDC en dépit des critiques qu’il formule au sujet de la démocratie et des droits de l’homme dans ce pays, il a répondu qu’il se rend « à Kinshasa parce que c’est l’Afrique et parce qu’il veut dire aux Africains qui parlent le français, qu’il est extrêmement reconnaissant à leur égard ». « Je vais à Kinshasa parce que c’est un grand pays, la RDC, et c’est un pays qui est agressé à ses frontières. Je n’accepte pas que les frontières de ce grand pays puissent être mises en cause par des agressions venant de l’extérieur », a souligné le chef de l’Etat français.
Au sujet des élections présidentielle et législatives organisées en RDC en novembre 2011, François Hollande a reconnu qu’elles n’ont pas été « regardées comme étant complètement satisfaisantes ». Plusieurs organisations internationales ont formulé des critiques au sujet de l’organisation de ces élections émaillées, selon elles, de plusieurs irrégularités. Joseph Kabila a été réélu au terme de ces élections avec 48,95 % de voix.
Tout en reconnaissant que des progrès sont réalisés dans le domaine de la bonne gouvernance, le président français a confié que les règles démocratiques en RDC « ne sont pas aujourd’hui encore complètement satisfaisantes », promettant d’en parler avec le président Kabila ».
« Les temps ont changé. La France est maintenant désireuse à la fois de respecter tous ses interlocuteurs, mais aussi de leur dire la vérité. Cette vérité n’est pas celle de la France, c’est celle des droits fondamentaux, des libertés essentielles et de la démocratie », a-t-il affirmé.
Le président français a confirmé son entrevue avec Etienne Tshisekedi, le président du principal parti de l’opposition congolaise, arrivé deuxième lors de la dernière élection présidentielle :
« J’ai souhaité aussi avoir un entretien avec l’opposition, le principal parti, j’allais dire le principal opposant historique. Je le verrai, j’en verrai d’autres, les organisations non gouvernementales, non pas pour m’ingérer, je ne suis pas là pour être l’arbitre, le juge, ce n’est pas ce que l’on demande à la France et ce n’est pas ce que la France veut faire. Nous avons du respect, nous avons de la considération, mais en même temps on se dit les choses et on aide. Je veux permettre par ma visite, que le processus démocratique qui a été engagé puisse aller jusqu’au bout ».
François Hollande a également promis de s’entretenir avec le président congolais Joseph Kabila au sujet du procès de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya dont le corps a été retrouvé en juin 2010 dans un quartier périphérique de Kinshasa.
« Je sais qu’il y a ce procès qui est attendu parce que c’est un militant des droits de l’homme qui a été assassiné et que sa famille, ses proches, ses amis demandent justice », a indiqué le président français.
Quatre officiers de la police ont été condamnés à des lourdes peines d’emprisonnement au premier degré. Toutes les parties au procès sont allées en appel. Ce dernier a commencé en juin 2012.
François Hollande effectuera son premier voyage en Afrique ce vendredi 12 octobre. Il doit se rendre à Dakar puis à Kinshasa où il doit assister au XIVe sommet de la Francophonie.
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