Kinshasa: les ministres rwandais et congolais des Affaires étrangères examinent la situation sécuritaire dans l’Est

Raymond Tshibanda. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mishikiwabo et son homologue congolais Raymond Tshibanda échangent, ce mardi 19 juin à Kinshasa, sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Les deux ministres discutent en présence de leurs experts des questions de la défense et de la sécurité.

Louise Mushikiwabo a d’abord été reçue ce mardi matin par le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila. «Je suis officiellement en RDC pour une réunion des instituions diplomatiques et de sécurité sur le soutien du Rwanda dans la résolution de la crise dans l’Est», a-t-elle affirmé à la presse après l’audience avec Joseph Kabila.

Refusant de se prononcer sur les accusations de Kinshasa sur le soutien de son pays aux mutins du Kivu, Louise Mishikiwabo a indiqué que «l’opinion doit être éduquée et comprendre que le Rwanda a longtemps travaillé pour la pacification de la région des Grands lacs».

La diplomate rwandaise a exprimé la volonté de son pays d’assister la RDC dans son travail de stabilisation.

La visite de Louise Mushikiwabo intervient plus d’une semaine après que le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, a accusé le Rwanda de «servir à la préparation d’une conspiration qui évolue vers un schéma de rupture de la paix entre deux pays de la région des Grands lacs».

Au cours d’une conférence de presse tenue le samedi 9 juin à Goma, Lambert Mende faisait état de «recrutement, préparation et déploiement à partir du Rwanda des éléments rwandais estimés entre 200 à 300 hommes qui ont combattu dans les rangs des mutins du M23».

Ces informations sur la présence des éléments du M23 recrutés au Rwanda avaient été publiées par la BBC qui s’était procuré un rapport interne de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco).

Ces allégations avaient été par la suite relayées dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) qui affirmait que le général mutin Bosco Ntaganda avait reçu le soutien de responsables militaires rwandais qui l’avaient approvisionné en armes et munitions et lui avaient fourni 200 à 300 recrues venues du Rwanda, dont des civils enrôlés de force et des mineurs.

Vendredi dernier, le conseil de sécurité de l’ONU a condamné la mutinerie du M23. Il s’est dit vivement préoccupé par la détérioration des conditions sécuritaire et humanitaire qui ont provoqué des afflux importants de déplacés et de réfugiés dans l’Est de la RDC.

Le même week-end, le ministre congolais des Affaires étrangères et de la coopération internationale avait entamé une visite dans certains pays de la sous-région dont l’Angola pour les sensibiliser sur l’implication «d’un pays voisin » dans l’insécurité dans l’Est de la RDC sans citer nommément le Rwanda.

Début avril, une mutinerie provoquée par d’anciens rebelles du CNDP intégrés dans l’armée a éclaté dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, après des fortes pressions de la communauté internationale qui demandent au gouvernement congolais d’arrêter et de livrer à la Cour pénale internationale le général Bosco Ntaganda poursuivi pour de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Les mutins regroupés au sein du mouvement du 23 mars dirigé par le colonel Sulutani Makenga se sont officiellement désolidarisés du général Bosco Ntaganda, ancien chef d’Etat-major général de la rébellion du CNDP.

Ce dernier ainsi qu’une poignée de ses fidèles se trouveraient dans le parc des Virunga non loin de la frontière rwandaise. Les mutins du M23 revendiquent l’application des accords de paix signés le 23 mars 2009 entre les rebelles du CNDP et le gouvernement congolais.

Ces accords prévoyaient notamment l’intégration des rebelles dans l’armée et la police alors que les cadres civils devaient être intégrés dans les institutions publiques.

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