Kinshasa et Kigali s’engagent à pacifier l’Est de la RDC

Le Rwanda et la République démocratique Congo (RDC) s’engagent à mener «une guerre sans fin» aux Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et à tous les groupes armés actifs dans la partie frontalière entre les deux pays.  Les délégations rwandaise et congolaise ont clôturé, ce mardi 19 juin, une réunion des deux jours à Kinshasa et ont publié un communiqué conjoint à ce sujet. 

Les deux parties ont prévu d’évaluer les résultats de cet engagement sur terrain le 28 juin, à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, théâtre des affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les différents groupes armés.

Dans cette déclaration conjointe, la RDC et le Rwanda annoncent des initiatives comme celles consistant à «rendre opérationnelle la commission conjointe chargée notamment d’enquêter sur les suspicions d’un soutien extérieur aux mutins et autres éléments opportunistes ».  A ce sujet, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo a souhaité que l’opinion fasse la part des choses entre la rumeur et la réalité:

«Au cours des dernières semaines, il y a eu tellement de rumeurs, on ne s’en sort plus. Nous sommes ici pour apporter notre soutien en tant que pays voisin  aux efforts de paix et de pacification de l’Est de la République démocratique du Congo», a-t-elle assuré.

Pour son homologue congolais,  Raymond Tshibanda, l’important était d’échanger franchement sur le sujet. « Le plus important pour la partie congolaise était que le gouvernement rwandais puisse savoir ce qui, de notre point de vue, est préoccupant »,a-t-il déclaré.

La réunion a regroupé les ministres des Affaires étrangères, les chefs d’Etat-major généraux des armées et les responsables des services de sécurité de ces deux pays.

La visite de Louise Mushikiwabo intervient plus d’une semaine après que le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, a accusé le Rwanda de «servir à la préparation d’une conspiration qui évolue vers un schéma de rupture de la paix entre deux pays de la région des Grands lacs».

Au cours d’une conférence de presse tenue le samedi 9 juin à Goma, Lambert Mende faisait état de «recrutement, préparation et déploiement à partir du Rwanda des éléments rwandais estimés entre 200 à 300 hommes qui ont combattu dans les rangs des mutins du M23».

Ces informations sur la présence des éléments du M23 recrutés au Rwanda avaient été publiées par la BBC, qui s’était procuré un rapport interne de la Mission de l’Onu en RDC (Monusco).

Ces allégations avaient été par la suite relayées dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) .

Vendredi dernier, le conseil de sécurité de l’ONU a condamné la mutinerie du M23. Il s’est dit vivement préoccupé par la détérioration des conditions sécuritaire et humanitaire qui ont provoqué des afflux importants de déplacés et de réfugiés dans l’Est de la RDC.

Le même week-end, le ministre congolais des Affaires étrangères et de la coopération internationale avait entamé une visite dans certains pays de la sous-région dont l’Angola pour les sensibiliser sur l’implication «d’un pays voisin » dans l’insécurité dans l’Est de la RDC sans citer nommément le Rwanda.

Début avril, une mutinerie provoquée par d’anciens rebelles du CNDP intégrés dans l’armée a éclaté dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, après des fortes pressions de la communauté internationale qui demandent au gouvernement congolais d’arrêter et de livrer à la Cour pénale internationale (CPI) le général Bosco Ntaganda, poursuivi pour de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Les mutins regroupés au sein du mouvement du 23 mars dirigé par le colonel Sulutani Makenga se sont officiellement désolidarisés du général Bosco Ntaganda, ancien chef d’Etat-major général de la rébellion du CNDP.

Ce dernier ainsi qu’une poignée de ses fidèles se trouveraient dans le parc national des Virunga non loin de la frontière rwandaise. Les mutins du M23 revendiquent l’application des accords de paix signés le 23 mars 2009 entre les rebelles du CNDP et le gouvernement congolais.

Ces accords prévoyaient notamment l’intégration des rebelles dans l’armée et la police alors que les cadres civils devaient être intégrés dans les institutions publiques.

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