L’ambassadeur de France en RDC, Pierre Jacquemot, a remis lundi les insignes français de la légion d’honneur au docteur Denis Mukwege, chirurgien spécialisé dans la réparation des fistules dans la province Sud Kivu. Il a aussi signé le même lundi, à la demande de la ministre française des Sports Rama Yade, une convention de financement de 100 000 euros pour l’équipement de l’hôpital Panzi que dirige Dr Mukwege, rapporte radiookapi.net
Beaucoup de femmes victimes des violences sexuelles au Sud Kivu ont été soignées grâce à l’œuvre du Dr Denis Mukwege. Rama Yade, ministre française des Sports, avait visité l’hôpital de Panzi, à Bukavu, en 2008. A l’époque, elle était secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme. C’est à l’issue de cette visite qu’elle s’était rendu compte de la gravité des violences sexuelles dans la région et de la nécessité de soutenir l’œuvre du Dr Denis Mukwege.
Le Docteur Denis Mukwege a été cité deux années de suite pour le Prix Nobel de la paixl. Il a reçu le prix des Nations Unies en 2008, puis le prix Olaf Palme. Autant de récompenses pour son engagement dans la lutte contre les violences sexuelles, et la dénonciation de l’horreur absolue de ces violences dans les deux Kivus.
« Fils de pasteur pentecôtiste de Bukavu, troisième d’une famille de neuf enfants, Denis Mukwege a souvent accompagné son père dans ses visites pastorales. Après des études de médecine au Burundi, il est affecté à Lemera dans un hôpital protestant. Bien avant la guerre, il est frappé par les souffrances que rencontrent les femmes durant l’accouchement : mariées trop jeunes, atteintes de malnutrition, le bassin trop étroit, les naissances doivent souvent se faire par césarienne. Nombreuses sont celles qui meurent en couche. Il se détourne alors de sa première spécialité, la pédiatrie, et choisit de s’orienter vers la gynécologie obstétrique en étudiant au Centre hospitalier universitaire d’Angers en France. A la fin de ses études, il revient à Lemera pour former des équipes de soutien aux femmes. En octobre 1996, les médecins, le personnel soignant et tous les malades de l’hôpital sont massacrés. Le Dr. Mukwege qui était à Bukavu ce jour-là est le seul médecin rescapé. Il est alors accusé d’espionnage et doit quitter Bukavu dans le coffre d’une voiture alors que toute la région est à feu et à sang. Il ne reviendra qu’un an plus tard.
Un nouvel hôpital est reconstruit dans la banlieue de Bukavu, à Panzi. C’est là que le Dr Mukwege travaille depuis 1999. Une urgence s’impose alors à lui devant le drame que vivent les femmes du Sud Kivu. Celles qui sont victimes des violences sexuelles arrivent par centaines jusqu’à l’hôpital de Panzi. Dans la ville, elles errent comme des parias. Dr Mukwege se forme alors à une technique très particulière, la reconstruction vaginale, qui n’était jusque-là pratiquée qu’au Fistula Hospital d’Addis-Abeba. La guerre fait de nouveau rage avec sa sauvagerie quotidienne. Avec l’aide de PMU, une ONG suédoise, il installe un service d’accueil pour les femmes qui sont hospitalisées entre 3 et 6 mois en moyenne, avec 2 à 4 interventions de chirurgie reconstructrice. Il se bat pour obtenir du personnel, former des médecins, des accoucheuses, des infirmières et des travailleurs psychosociaux à l’écoute de ces victimes, le plus souvent des femmes. Très impliqué dans la formation du personnel soignant, dans la lutte pour le respect des victimes, il sait gagner leur confiance par sa délicatesse et sa compétence exceptionnelles.