La commune de Ngaliema a enregistré ces derniers jours plusieurs cas d’attaque armée, dont celle survenue la semaine dernière contre l’ex-ministre de la défense Adolphe Onusumba. Le général Jean Dieudonné Oleko parle des solutions à apporter à cette criminalité qui secoue plusieurs villes congolaises. L’Inspecteur général de la police nationale congolaise répond aux questions de radiookapi.net
Radio Okapi : Général Oleko, Bonjour … rnGénéral Oleko : Bonjour …
R.O: Avez-vous, jusqu’à ce jour, pu identifier les auteurs de ces agressions ? rnG.O. : Identifier, oui. Malheureusement, nous ne pouvons pas le révéler. Néanmoins, nous voudrions dire que l’insécurité récurrente de ce coin est sujette à plusieurs éléments conjugués. Notamment, vous savez que c’est un coin où généralement il y a des gens qui ont quelques moyens. Et alors, ceux qui ont un peu de moyens suscitent la convoitise de tous ceux qui voudraient partager de leur manière. Ça, c’est de un. Et aussi, la plupart des habitants de ce quartier se font garder soit par les éléments de la police de garde, soit par des éléments de police de gardiennage. Ça fait qu’on retrouve beaucoup de monde dans ce milieu. Et puis, il y a eu des maisons des anciens dignitaires qui ont servi, et qui continuent parfois à servir, de lieu d’hébergement pour certains hommes en uniformes. Alors, tout cela conjugué, ça fait qu’il y a des moments où nous connaissons des secousses de ce genre.
R.O: C’est un nouveau phénomène, général, ce dernier temps, les gens se font surtout agresser sur les grandes routes. Avant, c’était dans des maisons, où ils étaient visités par des militaires. Comment expliquez-vous cela ? rnG.O. : Ils ont changé de modus operandi. Ce que j’ai toujours dit et que je voudrais dire, c’est que ceux que nous appelons aujourd’hui des bandits, c’est des personnes avec une intelligence. C’est pourquoi, dans la formation des policiers et dans le recrutement, il faut aussi des gens qui soient intelligents, et à qui on inculque une certaine science pour que nous puissions nous adapter ou précéder leur méthode de travail. Cette fois-ci, la propension est de trouver sur la route un véhicule en panne, quelqu’un avec un pneu, qui vous demande du service. Vous croyez rendre service à un compatriote de bonne foi la nuit, et voila que cet homme vous agresse. C’est une façon maintenant, un modus operandi comme je disais, que les gens ont adopté maintenant. Nous en sommes prévenus et nous agissons en conséquence.
R.O: Quelles sont les mesures d’intervention d’urgence, ou certaines précautions pour, par exemple, les habitants de ce quartier qui vivent dans la peur ? rnG.O. : D’abord, le numéro de contact reste le même, que ceux que nous avons toujours diffusé. Mais, il y a quand même une chose assez curieuse : ceux qui appellent aux numéros de police normalement, ce sont les habitants qui sont dans des milieux plus ou moins défavorisés. Alors que ceux qui devraient normalement avoir ces numéros, ne les ont pas. Ils passent toujours par des intermédiaires et cela prend de longs moments d’intervention. Par exemple, pour venir vous secourir, il faille passer par les présidents de ceci, pour qu’on voie tel général, et du général, passer par un tel… Et ça prend du temps. Tandis que les compatriotes qui habitent Malweka, ou ailleurs par exemple, ils appellent directement la police. C’est de un. Il y a aussi d’autres stratégies que nous mettons en place. Mais sinon, c’est quelque chose qui nous préoccupe au premier chef. Et, je vous l’assure, je n’en suis pas fier.
R.O: Est-ce qu’un policier commis à la garde d’une résidence peut intervenir en cas de coup de feu chez les voisins ? rnG.O. : Il reste policier. Et tout policier est astreint au devoir de porter secours. C’est ainsi que, par exemple, lorsque quelqu’un vient demander une garde quelque part, un particulier dans une maison, normalement, les environs devraient déjà se sentir sécurisé. Normalement, c’est ça. C’est comme là où habitent certains dignitaires. Je parle par exemple de chez moi, dans mon quartier, mes policiers de garde sont à la disposition de tout le quartier. Et dans mon quartier, ils le savent. Ils savent que depuis que, par exemple, tel habite ici, nous sommes beaucoup plus sécurisé qu’avant. Si quelqu’un a une garde chez lui, et que cette garde est en mesure de pouvoir intervenir pour sauver une personne, [mais qu’elle ne le fasse pas], c’est de la non assistance à personne en danger.
R.O: Que pouvez-vous dire aux Congolais en général, et aux Kinois en particulier, pour les rassurer ? rnG.O. : Nous leur disons que quoi qu’il arrive, la police finit toujours par mettre la main sur les malfrats. Ça, c’est de un. Et même pour le peu de sécurité qu’il y a, si on peut parler de peu, c’est grâce à la police. Qu’ils continuent à faire confiance en cette police. En fait, la criminalité est un phénomène de société. C’est comme une maladie : il y a des moments où la rougeole apparaît. Mais quand les gens prennent des mesures contre la rougeole, eh bien, on l’éradique, ou bien on réduit ses effets. De la même manière avec la criminalité. Ce n’est pas parce qu’on a de bons hôpitaux et de bons médecins que la maladie ne pourra pas apparaître. C’est cela aussi avec la criminalité. Vous verrez par exemple que, si cette fois-ci on s’attaque à un genre particulier de personnes, parce qu’il y a un groupe qui s’est formé, il se peut que, dans ce créneau là, la police n’y est pas encore. Et quand on les suit, et qu’on les maîtrise, ils cherchent autre chose. C’est ainsi que nous sommes obligés, nous, policiers, à tout moment de pouvoir anticiper, simuler des cas pour que nos compatriotes se sentent plus à l’aise. Et c’est ça notre devoir. Nous sommes payés pour ça.
R.O: Merci beaucoup general…
G.O. : Merci à vous.