Invité de la Radio Okapi le 24 juin 2004, l’artiste musicien congolais Papa Wemba, a donné
son point de vue sur l’évolution politique de la RDC et dans le reste des pays des Grands
Lacs.
«Je ne suis pas un artiste engagé, mais je pense que l’Afrique est un
continent jeune où il fait bon vivre, mais malheureusement, nos peuples sont naïfs. Nos
dirigeants travaillent certes pour leurs nations mais tout est commandité par l’extérieur.
Je ne connais pas un pays dirigé par quatre vice- présidents. Alors pourquoi pas si c’est
pour amener la paix dans ce pays », déclare t-il.
De son vrai nom, Shungu
Wembadio, Papa Wemba juge ainsi positivement le pouvoir politique aussi bien dans son pays
d’origine, la République Démocratique du Congo, que partout ailleurs en
Afrique.
«Mais nous ne devons pas oublier que toute autorité vient de dieu. C’est
pourquoi j’invite nos hommes politiques à ce que les élections prévues pour 2005 se tiennent
effectivement.
Il faudra que nous finissions par voter pour un seul chef de l’Etat qui
pourra nommer un 1er Ministre formateur du gouvernement», dit-il, confiant en
l’avenir.
«Je vais voter, promet-il, car je suis citoyen congolais et fière de
l’être et de le dire. Je marche partout la tête haute et le torse bombé et je dis que je
suis Congolais. Je suis fils de ce pays. Je suis prêt à travers une chanson par exemple à
dire aux jeunes d’aller voter. C’est le devoir de tout citoyen.»
Selon Papa
Wemba, il faudra que les élections se tiennent, sinon nous allons tous nous mettre debout
comme un seul homme. « Le peuple doit choisir un seul chef de l’Etat pour diriger le
pays pendant 5 ans ou 7 ans peu importe.»
Papa Wemba estime que pour régler le
problème de l’est du pays, il faut une politique de bon voisinage. «Par exemple Gisenyi et
Goma sont deux villes voisines, nos enfants naissent à Gisenyi et des enfants rwandais
naissent à Goma. Nous avons nos différences, certes, mais nous devons revenir à ce que Dieu
nous a dit : «Aimons nous les uns les autres. Il faudra que les armes se taisent dans ces
coins là» assure t-il.
Selon Papa Wemba, c’est la paix qui compte avant tout. «Je
veux que nos peuples se côtoient et vivent ensemble, qu’ils se mettent à table et fument le
calumet de la paix. Ce n’est pas une question de tutsi ni de Banyamulenge qui doit nous
diviser. Nous sommes tous des minorités quelque part.»
L’artiste musicien
congolais n’a pas caché sa préoccupation sur les conséquences des conflits qui se
poursuivent dans la région des Grands Lacs et plus particulièrement à l’Est de la RDC. Parmi
ces conséquences, il insiste sur le sort des enfants. «Lorsque j’apprends qu’il y a des
conflits à l’Est, cela me fait mal au cœur! Quel héritage allons nous laisser à nos enfants?
Ils ne vont pas à l’école et quand ils y vont, ils s’assoient à terre tandis que les
enseignants n’ont même pas de craie pour écrire.
L’enfant ne décide pas de venir au
monde! C’est pourquoi il faut bien l’éduquer et ne pas le laisser traîner dans les rues
comme c’est le cas à Kinshasa. »
Et de poursuivre : «Pendant que d’autres pays
préparent leur avenir, nous, au Congo sommes distraits. Les enfants qui traînent dans les
rues, c’est une bombe à retardement si nous ne faisons pas attention. Car ils ne sont pas
scolarisés, ils ne savent pas écrire ni lire, ils n’ont aucun sens du respect. »
Fier d’être Congolais, il promet de rentrer au pays car, dit-il : «Je compte
apporter ma contribution (dans le domaine musical) pour l’éducation des enfants
congolais».
«Je suis prêt à aller jouer partout au pays même à Bukavu. Si la
Monuc me proposait d’aller parler à mon peuple comme je viens de le faire, je suis prêt à le
faire», conclut-il.