Persona non grata en RDC, De Gucht obtient le soutien de la Commission européenne

Karel De Gucht, commissaire européen au Développement

Karel De Gucht, commissaire européen au Développement

La Commission européenne a fait bloc, jeudi, autour de l’actuel commissaire à l’Aide au Développement, le Belge Karel De Gucht, déclaré persona non grata à Kinshasa après avoir mis en doute, en décembre devant le Parlement européen, l’efficacité de l’aide à la RDC. Dans ses propos, sévèrement critiqués par les autorités congolaises, M. De Gucht n’exprimait pas un point de vue personnel, «il parlait au nom de la Commission» avec le soutien de son président José Manuel Barroso, a souligné jeudi un porte-parole de l’exécutif européen, cité dans une dépêche de l’AFP parvenue à radiookapi.net

Le ministère congolais des Affaires étrangères, selon une source européenne, a adressé début janvier dans une note verbale au représentant européen à Kinshasa pour signifier à la Commission qu’une venue de M. De Gucht en RDC n’était pas souhaitée. M. De Gucht avait indiqué, fin novembre, qu’il envisageait de se rendre en janvier en RDC pour visiter un projet humanitaire à Goma. Il aurait pu profiter de sa visite pour signer les conventions de mise en oeuvre de projets d’aide d’un montant de quelque 278,5 millions d’euros approuvés en décembre par la Commission européenne, selon son porte-parole.
Mais aucun projet de voyage n’a été formalisé à ce jour, a souligné jeudi la Commission, cité par le quotidien Le Monde.

Kinshasa entendait ainsi protester contre les propos tenus par ce dernier le16 décembre, lors d’un débat au Parlement européen. M. De Gucht avait relevé que la Commission européenne dépensait beaucoup en matière d’aide humanitaire et de programmes visant à rétablir l’Etat de droit en RDC. « Le problème est quelle est l’efficacité de tout cela au bout du compte si vous n’avez pas d’interlocuteur approprié dans l’arène politique », avait-il remarqué. Le commissaire européen avait également évoqué l’ «énorme gâchis qu’est devenue la RDC, un pays où presque tout est à refaire, à commencer par la reconstruction de l’Etat, dont l’absence est au coeur du problème

Kinshasa réagit

Ces propos avaient aussitôt suscité un tollé à Kinshasa. «Nous constatons qu’il y a un personnage (NDLR : M. de Gucht) qui est incapable d’avoir des relations normales, dignes, avec notre pays. Nous en tirons les conséquences», a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende. «Ce monsieur (…), que ce soit au niveau du gouvernement belge, que ce soit maintenant au niveau de l’Europe, partout où il passe, nous avons des problèmes avec ces institutions là. C’est probablement lui qui pose problème. Donc, sans remettre en cause nos bons rapports avec l’UE, nous ne voulons pas avoir affaire avec ce personnage», a expliqué M. Mende.

Si la commission européenne veut le maintenir, a-t-il prévenu, « cela va provoquer les mêmes effets que cela a eu dans nos relations avec la Belgique: on a fait 9 mois pratiquement sans se parler». En effet, M. De Gucht doit quitter le portefeuille de l’Aide au Développement, qu’il avait pris en juillet 2009 en remplacement de son compatriote Louis Michel: il doit être auditionné, mardi 12 janvier par le Parlement européen pour devenir commissaire au Commerce.

M. Mende a indiqué que les autorités congolaises ont déjà, avant le 16 décembre, refusé à M. de Gucht un visa d’entrée en RD Congo. Entre les autorités congolaises et Karel De Gucht, il y a en fait de vieux comptes à régler. En avril 2 008, en mission à Kinshasa à la tête d’une délégation gouvernementale belge, De Gucht, alors ministre des Affaires étrangères de son pays, avait tenu un discours, presque dans les mêmes termes qui ne n’avaient pas à ses hôtes congolais. Il avait notamment, dénoncé le manque de transparence dans l’exploitation des ressources minières de la RDC et la corruption, tout en exigeant des autorités congolaises plus d’actes que de paroles. Le gouvernement de la RDC avait, en réponse, décidé de rappeler son ambassadeur en Belgique et de fermer son consulat à Anvers (nord). Kinshasa avait également imposé à la Belgique de fermer ses consulats de Lubumbashi (sud-est) et de Bukavu (est). La brouille officielle entre les deux pays avait duré neuf mois.