Face au regain de l’insécurité observée depuis le mois d’avril dans l’Est de la RDC, une certaine opinion reproche à la Monusco, dont le mandat consiste prioritairement à protéger les civils, d’être passive. La Mission onusienne est même accusée d’apporter son soutien aux rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et de cautionner les massacres des civils.
La représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Mme Leïla Zerrougui qualifie ces accusations « d’extrêmement graves et ridicules». Dans une interview accordée, lundi, à Radio Okapi elle a fait une mise au point de cette question. Leïla Zerrougui explique:
«Premièrement, nous menons des opérations conjointes avec les FARDC contre les FDLR. Deuxièmement, nous avons tout un service de démobilisation et de rapatriement qui avec les opérations conjointes sont déployées avant les opérations pour sensibiliser les FDLR pour leur demander de déposer leurs armes, de se rendre et d’être rapatriés chez eux et les résultats sont là. Quand on fait ça, comment on peut nous dire qu’on appuie les FDLR. Quel est l’intérêt de la Monusco qui a un mandat dont la priorité est la protection [des civils] à participer aux massacres.»
Elle affirme que les populations concernées par la menace des groupes armés saluent l’action de la Monusco et demandent plus de présence des casques bleus. Des preuves existent pour montrer l’engagement de la Monusco à protéger la population, indique Leïla Zerrougui qui avance des chiffres pour présenter les résultats obtenus:
- 2010 : 3 180 Rwandais des FDLR rapatriés dont 983 combattants et 48 enfants soldats
- 2011 : 3 062 Rwandais des FDLR rapatriés dont 878 combattants et 44 enfants soldats
- 2012 : 1 747 Rwandais des FDLR rapatriés dont 644 combattants et 18 enfants soldats (Ces chiffres concernent les mois de janvier à mai)
Et Leïla Zerrougui de trancher : « Les accusations portées contre la Monusco ne sont pas logiques », avant de poursuivre:
« Moi je dis une chose, ça dépend de qui profère les accusations. Il y a des gens de mauvaise foi, ça ne m’intéresse pas de les convaincre parce que je n’arriverai pas à les convaincre. Il y a des gens qui ne savent pas et ceux là je leur parle parce que je veux les informer, parce qu’ils sont loin, ils reçoivent des informations fausses et ils peuvent être intoxiqués. Il ya les populations qui vivent des menaces. Donc la population fâchée peut dire des choses. Ça je les accepte parce qu’après c’est à nous de réagir. C’est ce qu’on a fait à Bunyakiri, à Kitoyi. Et je dis j’accepte la critique quand elle est justifiée », renchérit la patronne adjointe de la plus grande mission de maintien de paix des Nations unies actuellement déployée au monde.
De retour d’une visite d’évaluation du dispositif sécuritaire de la Monusco et des FARDC pour protéger les populations civiles dans l’Est de la RDC, elle reconnaît que la situation est préoccupante parce qu’il ya des forces négatives qui tentent de déstabiliser le Nord-Kivu et les zones où elles se trouvent. Une situation qui peut avoir pour conséquence de déstabiliser toute la région.
Concernant la plainte de la RDC au conseil de sécurité de l’ONU sur l’implication du Rwanda dans la mutinerie du M23, Leïla Zerrougui déclare :
« C’est une démarche du gouvernement congolais qui dit avoir des preuves de l’implication de son voisin… C’est une démarche légitime. Personne n’a intérêt à déstabiliser la région, le Rwanda plus que le Congo. Une déstabilisation de la région va freiner l’élan du développement, la paix et la sécurité de la population. Celui qui gagne à court terme perd à long terme et celui perd à court terme peut gagner à long terme. Je dis à chaque fois aux autorités congolaises et rwandaises : vous êtes des voisins et personne ne peut déménager. »
Vous pouvez écouter ou télécharger l’entretien que Leïla Zerrougui a acoordé à Radio Okapi:
Fichier audio : téléchargez Flash pour écouter.
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