A l’issue d’une visite de travail à Uvira, le représentant du Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme en RDC, Todd Howland, a déploré, dimanche, l’insuffisance de magistrats au sein du tribunal de grande instance de ce territoire. Ce tribunal de l’ancien district du Sud-Kivu couvre toute la province du même nom, sauf la ville de Bukavu, avec un seul juge. Ce qui rend difficile le jugement des dossiers criminels, a indiqué T. Howland à radiookapi.net
Le nombre insuffisant des magistrats fait que plusieurs dossiers criminels sont en veilleuse et la prison centrale de Mulunge, toujours pleine à craquer. Ici, plus d’une centaine de détenus impliqués dans les crimes croupissent depuis plusieurs mois. Ils vivent dans une misère indescriptible. Pour certains, les dossiers se seraient volatilisés ; pour d’autres, classés sans suite. D’autres encore se plaignent qu’ils n’ont jamais été auditionnés. Le tribunal d’Uvira compte à ce jour un seul juge pour 8 territoires de la province.
Trop de demandeurs d’emploi à travers le pays
La réalité d’Uvira est presque générale pour l’ensemble du pays et ne pourrait pas faciliter, selon Todd Howland, la mise en oeuvre de la politique tolérance zéro prônée par le gouvernement. «Puisque ce n’est pas bien d’être stoppé, de s’arrêter sur les routines. Quelque fois, un changement se fait très bien pour le système judiciaire, la rotation, le redéploiement, c’est très important pour créer une nouvelle énergie. Mais, si cela doit se faire, ça doit avoir un appui. Et le premier responsable, c’est le gouvernement. Mais notre devoir à nous, c’est de le faciliter », a déclaré le représentant du Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme en RDC.
Ce dernier a rencontré les responsables de l’auditorat militaire, du parquet, du tribunal et des ONG des droits de l’homme lors sa visite. Il les a encouragés et les a appelés à plus de collaboration.
Sur les 13 000 candidats magistrats civils et militaires, 6700 ont passé leur test de recrutement organisé, du 17 au 19 octobre, dans les chefs-lieux de provinces par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Alors que le CSM n’a besoin que de 1000 magistrats dont 500 pour 2009 et 500 autres pour 2010. Ce nombre ne suffit pas, selon le syndicat des magistrats, à satisfaire à la demande des juges sur le terrain. Ce recrutement organisé depuis 10 ans, selon le ministre de la Justice, Lozolo Bambi, vise à répondre à la carence des magistrats en RDC. Le gouvernement compte y aller progressivement, selon ses moyens disponibles. Cette carence a été également renforcée par la mise en retraite et la révocation d’une centaine des magistrats sur ordonnances présidentielles du 15 juillet.