Le procès en appel mené par la justice militaire congolaise après l’assassinat en juin 2007 du journaliste Serge Maheshe, Secrétaire de rédaction de Radio Okapi, à Bukavu (République Démocratique du Congo), s’est conclu sans faire la lumière sur cette affaire, au terme d’une procédure entachée de nombreuses irrégularités. La Fondation Hirondelle, partenaire de Radio Okapi aux côtés de la Mission des Nations Unies en RDC, regrette vivement cette issue judiciaire. Elle appelle à poursuivre la recherche de la vérité et à mener une enquête sérieuse pour identifier les responsables de ce crime.
Le verdict de la Cour d’appel du Tribunal militaire de Bukavu doit être salué dans la mesure où il prononce l’acquittement des deux prétendus commanditaires, amis proches de la victime, emprisonnés depuis plus de dix mois et condamnés à mort sans preuves en première instance. Ils n’avaient cessé de clamer leur innocence. Deux autres accusés, des civils également, ont été reconnus coupables d’avoir tué le journaliste, ce qu’ils ont nié au cours du procès, après être revenus sur leurs aveux obtenus par des magistrats militaires dans des conditions non éclaircies. Condamnés à la peine de mort, avec un comparse, également accusé, ils risquent d’être exécutés sans avoir eu droit à un procès équitable.
La Fondation Hirondelle déplore les conditions dans lesquelles l’instruction et les procès ont été menés, entachés dès le début de graves irrégularités, comme constaté par l’ensemble des observateurs congolais et internationaux. Les enquêtes ont été sommaires et plusieurs moyens d’investigation ont été refusés malgré les demandes des avocats de la défense. Selon ces mêmes observateurs, qui ont été avec les avocats la cible d’intimidations et de menaces de mort, les droits fondamentaux de la défense n’ont manifestement pas été respectés et le risque d’erreur judiciaire est grand.
Au nom de la justice et de la vérité, auxquelles ont droit la veuve, les enfants et les parents de Serge Maheshe, au nom la lutte contre l’impunité et au nom de la protection des journalistes, les autorités congolaises et la communauté internationale ne sauraient se contenter de ce verdict, ni d’une vérité judiciaire aussi lacunaire. Cela reviendrait à assassiner une deuxième fois notre confrère et à plonger encore plus dans le désarroi ses proches et ses collègues journalistes de Radio Okapi qui, comme lui, s’engagent, chaque jour, à donner à des millions d’auditeurs une information vitale en zone de conflit.
La Fondation Hirondelle crée depuis 1995 des médias indépendants et forts dans des zones de crises aigues, de conflits, de guerres, où dans toutes situations où de tels médias n’existent pas. Elle contribue ainsi à la paix par la dissipation des rumeurs et à l’atténuation de l’effet des propagandes. Elle contribue à créer des sociétés citoyennes.
(FH/21 Mai 2008)
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