Le boycott par la rébellion du M23 des discussions de paix initialement prévues ce mardi 18 mars à Luanda suscite une vive exaspération chez les habitants de Goma, occupée depuis fin janvier par ces rebelles soutenus par l’armée rwandaise. En protestation contre les sanctions européennes visant certains de leurs membres, le M23 a annoncé lundi, à la veille des pourparlers, qu’il ne participerait plus aux négociations.
Dans un communiqué, le groupe a déclaré que « les sanctions successives imposées à nos membres, y compris celles adoptées à la veille des discussions de Luanda, compromettent gravement le dialogue direct et empêchent toute avancée ».
Pour les habitants de Goma, ces négociations représentaient une lueur d’espoir pour mettre fin à leurs souffrances. En particulier, les acteurs contraints de vivre dans la clandestinité voyaient dans ces pourparlers une chance de retrouver une vie normale et d’échapper à la menace constante de mort.
Le revirement du M23 a donc été perçu comme un choc majeur. Beaucoup expriment leur incompréhension face à ce qu’ils considèrent comme une réaction disproportionnée du groupe rebelle face aux sanctions européennes :
« Pour nous, c’est une grande déception. Nous espérons que ceux qui conduisent ces pourparlers feront tout leur possible pour ramener le M23 à la table des négociations. Les sanctions de l’Union européenne ne devraient pas justifier un tel boycott. Ces discussions visent à dialoguer avec l’État congolais, et le M23 se revendique comme étant congolais. Cet argument ne tient donc pas. »
Pendant ce temps, la délégation congolaise est arrivée lundi à Luanda pour participer aux négociations sous la médiation du président angolais João Lourenço.
Depuis plusieurs mois, les villes de Goma et Bukavu ainsi que d’autres localités du Kivu sont sous contrôle des rebelles du M23. Ces derniers ont intensifié leurs offensives depuis janvier, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique dans cette région riche en ressources minières mais ravagée par des conflits armés.