Beni : 17 détenus de la prison centrale de Kangbayi décédés en un mois

 Dix-sept détenus de la prison centrale de Kangbayi à Beni (Nord-Kivu) sont décédés entre août et septembre 2023, selon un rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) publié ce vendredi 15 septembre à Beni. 

 Le BCNUDH a effectué une descente mercredi dernier dans cette maison carcérale. Il a constaté que les conditions carcérales à la prison urbaine de Beni se sont gravement détériorées depuis le début de l’année 2023 ; mais surtout durant ces trois derniers mois. 

 La prison fait face à un problème d’approvisionnement par le Gouvernement. Cette situation est à la base de plusieurs cas de malnutrition et d’autres maladies. 

 Elle a causé la mort de ces dix-sept détenus depuis août. Dix d’entre eux sont décédés pendant les deux premières semaines de septembre. 

 Ces prisonniers succombent soit au niveau de l’infirmerie de la prison, soit à l’hôpital général de référence de Beni, où ils sont transférés pour des soins. 

Le rapport du BCNUDH indique que la majorité de ces détenus morts étaient des prévenus à la disposition des instances judiciaires civiles et militaires de Beni. Ils étaient poursuivis notamment pour :  

  • vol simple 
  • pêche illicite 
  • association des malfaiteurs 
  • viol 
  • meurtre 
  • participation à un mouvement insurrectionnel. 

Le maire intérimaire de Beni, le commissaire supérieur principal Jacob Nyofondo, dit être au courant de la situation. Il affirme que « des plaidoyers sont en cours en vue de sauver des vies humaines dans cette maison carcérale ».   

Même situation dans les prisons du sud de la province 

Sur une période de 8 mois, plus de 80 détenus ont perdu la vie dans trois prisons centrales du sud de la province du Nord-Kivu. 

Il s’agit des prisons centrales de Goma, Masisi et Walikale, rapporte le monitoring fait par cinq organisations de défense des droits de l’homme dans ces maisons carcérales. 

Dans ce rapport publié jeudi 14 septembre devant la presse à Goma, ces ONG décrivent une promiscuité aiguë, l’insécurité alimentaire, les maladies chroniques, la torture entre détenus, des bâtiments en délabrement.  

  Au 07 septembre, date de la clôture de ce monitroring, la prison centrale de Goma comptait 3 658 détenus, pour une capacité initiale de 300 personnes. Ici, comme dans les deux autres prisons de Masisi et Walikale, les détenus mangent difficilement et ils doivent recourir aux solutions extrêmes pour survivre, explique Vicar Batundi, l’un des activistes des droits de l’homme qui a travaillé sur ce rapport.  

  « Il est arrivé un moment même pour Masisi, les détenus broutaient les herbes comme des chèvres par manque de la ration alimentaire. Les installations sanitaires n’existent presque pas. Mais ce qui nous a choqué davantage, c’est le nombre des décès. De janvier jusqu’au 07 septembre, nous avons dénombré 24 dans la prison de Goma, 19 dans la prison de Walikale, et 43 dans la prison de Masisi. Donc, c’est inacceptable que les gens soient arrêtés pour mourir en prison », a-t-il déploré. 

 A ce tableau humanitaire sombre s’ajoute la lenteur administrative, qui concoure à maintenir les détenus préventifs longtemps dans ces prisons déjà surpeuplées, révèle ce rapport d’ONG. 

 Ces organisations recommandent que soient instaurés au niveau des prisons de systèmes mixtes de traitement rapide des dossiers, mais aussi de mettre fin aux arrestations arbitraires. 

Elles disent avoir déjà partagé leur note de plaidoyer sur cette situation aux autorités. 

Elles promettent de faire un suivi de proximité pour s’assurer que les autorités s’impliquent pour améliorer les conditions carcérales, non seulement au Nord-Kivu mais dans tout le pays. 

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