L'ambassadeur de l'Union européenne (UE) en République démocratique du Congo, Jean-Marc Chataigner, la Voix des sans voix et l’Association africaine pour la défense des droits de l’homme (ASADHO) ont appelé, mardi 9 février, à la réouverture du procès de l’activiste des droits de l’homme, Floribert Chebeya, assassiné en 2010. Selon l’Agence France Presse (AFP), ces trois organisations ont lancé cet appel, après les témoignages de deux policiers en exil qui affirment avoir participé à l'assassinat.
En exil, les policiers Hergil Ilunga et Alain Tayeye ont, dans des témoignages rapportés par la Radio France internationale (RFI), déclaré avoir participé à l'assassinat de Floribert Chebeya dont le corps a été retrouvé le 2 juin 2010 dans sa voiture à la périphérie de Kinshasa.
« Je salue ce travail factuel d’enquête journalistique et je souhaite que la justice congolaise puisse se saisir des témoignages recueillis pour relancer la procédure sur l’assassinat, il y a dix ans de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana », a posté sur twitter Jean-Marc Chataigner, ambassadeur de l'UE en RDC.
Je salue ce travail factuel d’enquête journalistique et je souhaite que la justice congolaise puisse se saisir des témoignages recueillis pour relancer la procédure sur l’assassinat il y a dix ans de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana #luttecontrelimpunitéhttps://t.co/D5J7s8vAjx— Jean-Marc Châtaigner (@Jmchataigner) February 8, 2021
Pour sa part, le secrétaire exécutif de la Voix des sans voix (VSV), Rostin Manketa, demande l’arrestation de John Numbi.
« Avec ces nouveaux témoignages choquants, nous exigeons l'arrestation immédiate du général John Numbi et la sécurisation des sites suspects », a-t-il déclaré, cité par l’AFP.
L'activiste Jean-Claude Katende de l'Association africaines de droits de l'Homme, a, de son côté invité la justice à « sécuriser ces deux témoins ».
Figure de l'ONG la Voix des sans voix (VSV), M. Chebeya avait été convoqué la veille dans les locaux de la police de Kinshasa pour y rencontrer son chef, le général John Numbi.
Son chauffeur, Fidèle Bazana, avait disparu ce même 1er juin au soir, après l'avoir accompagné au rendez-vous avec la police. Son corps n'a jamais été retrouvé, et la justice a conclu en première instance qu'il avait été assassiné, tout comme Chebeya.
A l'issue d'un procès, cinq officiers ont été condamnés à mort, dont trois par contumace, car en fuite.
Dans leurs témoignages, RFI rapporte que les policiers Hergil Ilunga et Alain Tayeye ont accusé le général John Numbi, d'être le principal commanditaire de cet assassinat.
Au premier degré, le général Numbi avait été convoqué en qualité de "renseignant" par le tribunal militaire mais n'a pas été poursuivi dans ce procès, malgré les soupçons des parties civiles.
Suspendu de ses fonctions peu après l'assassinat, le général Numbi a nié avoir fixé ce rendez-vous et a été élevé à un titre honorifique par le président Joseph Kabila en 2017.
Les deux "témoins" ont aussi indiqué le lieu où seraient enfouis les restes de M. Bazana.
Sous sanctions occidentales, le général Numbi a été démis de ses nouvelles fonctions d'Inspecteur général de l'armée en juillet dernier sur décision du président de la République, Félix Tshisekedi, élu fin 2018.
Avec l’AFP.