Agir pour des élections transparentes et apaisées (AETA) et l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), deux organisations de la société civile travaillant respectivement dans les secteurs de la gouvernance électorale et des finances publiques demandent à la population congolaise et aux partis politiques de rejeter catégoriquement le mode de vote semi-électronique envisagé par la CENI.
Pour ces deux structures, « le vote électronique ou semi-électronique serait une quatrième manœuvre pour le retardement des élections et une opportunité d’affaires pour les commanditaires ». Elles s’inquiètent du caractère affairiste que prennent des dépenses liées au processus électoral en RDC qui devient de plus en plus budgétivore.
L’AETA et l’ODEP l’ont dit ce jeudi 14 septembre à Kinshasa au cours d’un point de presse consacré à l’analyse de ce nouveau mode de vote que propose la CENI.
Dans un communiqué conjoint, ces deux ONGs ont relevé six inconvénients qui ne permettent pas à la CENI d’adopter le vote semi-électronique dans le contexte sociopolitique et électoral actuel en RDC.
Sur le plan financier, AETA et ODEP estiment que le vote semi-électronique ne permet nullement à la RDC d’épargner des fonds. Bien au contraire, notent les deux organisations, le coût réel lié à ce mode de vote s’élèverait à trois fois plus que celui du vote papier.
« La CENI devra prévoir un budget pour l’achat des machines à voter et des cartes magnétiques, des papiers, … outre les frais à engager pour la formation et la sensibilisation des électeurs », explique Rycky Mapama, directeur de l’ODEP.
Le temps, principal inconvénient
Pour les deux ONGS, le principal inconvénient à ce mode de scrutin demeure le temps. Pour l’AETA, ce nouveau mode nécessite beaucoup de temps de préparation et de sensibilisation pour son appropriation par la population et les agents électoraux. Et la traçabilité du résultat de vote pourra poser des problèmes dans le traitement des contentieux électoraux.
« Malgré sa rapidité dans la transmission des résultats du vote, le vote semi électronique ne pourra pas permettre l’organisation des élections selon l’accord du 31 décembre 2016. Il faudra plutôt attendre deux ans. Cela révèle de l’intension suicidaire de la CENI de renvoyer aux calendes grecques la tenue des élections, sans se préoccuper des risques d’aggravation de la crise politique, économique et sociale », indique le communiqué.
AETA et ODEP demandent à la CENI de continuer avec le vote à bulletin déjà expérimenté en 2006 et 2011. Car le processus électoral en cours se déroule dans des circonstances d’exceptions liées à l’accord du 31 décembre 2017, font remarquer les deux ONGS. Elles demandent aussi au CNSA d’ordonner à la CENI le renoncement du projet de ce vote semi-électronique.