La Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a exhorté les chefs d’Etats de la région des Grands Lacs à ne pas donner asile aux personnes suspectées d’avoir commis des crimes internationaux et de graves violations des droits de l’homme. Dans un communiqué de presse publié mercredi 15 janvier à Genève (Suisse), elle a indiqué que le 5e sommet de la CIRGL « est une opportunité pour les Etats membres de faire avancer la lutte contre l’impunité dans cette région marquée par des violences ».
« J’exhorte les Etats à cesser de fermer les yeux sur la présence sur leur territoire de personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes très graves. Je leur demande de saisir l’opportunité que représente ce sommet [de la Conférence internationale de la région des Grands lacs, CIRGL] pour aborder la question de la coopération judiciaire et garantir que des comptes soient rendus pour les crimes internationaux et les graves violations des droits de l’homme commis dans la région », a affirmé Pillay.
Le 5e sommet de la CIRGL se tient depuis vendredi 10 janvier à Luanda (Angola). La présidence tournante est revenue au président angolais José Edourdo Dos Santos. Ce dernier a promis de placer son mandat sous le signe de la promotion de la paix, la sécurité, la stabilité et le développement.
Ces objectifs ne pourront être atteints que si les personnes responsables de violence et d’exploitation économique illégale rendent des comptes, a précisé Navi Pillay.
« Pour citer un exemple récent, le Rwanda et l’Ouganda hébergent actuellement des hauts gradés du groupe rebelle M23 qui figureraient parmi les pires auteurs de violations des droits de l’homme perpétrées en République démocratique du Congo, notamment des massacres, des violences et le recrutement et l’utilisation d’enfants. S’ils continuent à échapper à la justice dans des Etats voisins, ils constitueront une menace pour la sécurité, nuisant aux efforts en faveur d’une paix et d’un développement durables de la région », a ajout la Haut-commissaire des Nations unies.
Navi Pillay a félicité les autorités congolaises pour les progrès réalisés sur les questions liées à l’impunité, notamment dans le suivi du « rapport de cartographie » des Nations Unies qui répertorie les violations manifestes des droits de l’homme en RDC entre 1993 et 2003.
«Je suis encouragée par les efforts récents déployés par les autorités congolaises pour que les hauts gradés responsables de violations graves des droits de l’homme, dont des violences sexuelles, rendent des comptes. Cette tendance doit se poursuivre et inclure la coopération transfrontalière. La lutte contre l’impunité exige un engagement actif et réel de tous les États de la sous-région», a-t-elle ajouté.
Accord-cadre d’Addis-Abeba
Les pays de la CIRGL ont signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba un accord-cadre dans lequel ils s’engageaient à ne pas accueillir ou protéger les personnes accusées de crimes internationaux ou qui relèvent du régime de sanctions des Nations Unies.
En dépit de cet accord de paix, de nombreux anciens éléments du M23 sont encore en fuite au Rwanda et en Ouganda, se plaint Navi Pillay dans son communiqué.
Deux décennies après le génocide de 1994 au Rwanda, des personnes soupçonnées d’y avoir activement participé continuent également d’échapper à la justice en RDC. D’autres personnes soupçonnées de crimes très graves auraient également échappé à la justice en partant pour un pays tiers, poursuit-elle.
Intervenant sur Radio Okapi, le coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord cadre d’Addis-Abeba a expliqué que les chefs d’Etats se sont réengagés à respecter ce texte.
« L’évaluation aura lieu d’une manière formelle entre le 30 ou le 31 [janvier] à Addis-Abeba. Elle permettra de clarifier dans quelle mesure chaque pays a respecté cet accord », promet François Muamba.
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