Au moins 40 femmes sont violées chaque jour en RDC, soit plus d’une femme toutes les heures, selon un rapport rendu public mardi 8 octobre à Kinshasa par la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, Geneviève Inagosi. Le document élaboré avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) rapporte plus de 29 000 cas de violences sexuelles enregistrés de 2011 au 1er semestre 2013. Pour la ministre, «une bonne sensibilisation à travers les médias» peut aider à prévenir ces violences sexuelles.
Les informations contenues dans ce rapport concernent 7 provinces : Bandundu, Bas-Congo, Katanga, Province-Orientale, Kinshasa, Nord-Kivu et Sud-Kivu.
La province la plus touchée reste celle du Nord-Kivu, avec 4 689 cas de violences sexuelles en 2011, plus de 7 075 en 2012 et 3 172 au premier semestre 2013. A en croire le rapport, l’accroissement des cas est lié à la situation de conflit dans laquelle se trouve cette province.
Elle est suivie par le Sud-Kivu et la Province Orientale, deux régions où sévissent de multiples groupes armés accusés de plusieurs crimes, dont des violences sexuelles.
Selon la ministre du Genre, ces violences sont commises notamment par des groupes armés, des milices et des civils. 59 % de cas restent inconnus et la majorité des victimes ont moins de 18 ans.
Au cours de la présentation de ce rapport, la ministre Inagosi a déploré que des cas de violences soient rapportés même dans les zones épargnés par les conflits armés.
«C’est pour vous dire qu’il y a certaines pratiques qui expliquent cela. Nous devons travailler en synergie. Avec une bonne sensibilisation à travers les médias, je pense que nous pouvons prévenir les violences sexuelles», a-t-elle affirmé.
La présentation de ce rapport s’est déroulé en présence notamment de la ministre de la Justice, Wivine Mumba, et du secrétaire général adjoint de l’Onu chargé de la question des violences sexuelles en zonesde conflits, Zainab Hawa Bangura.
Mme Bangura a mis en garde tous les auteurs des violences faites à la femme en RDC.
«Les Nations Unies sont prêtes à déployer toute leur puissance pour traquer tous les violeurs qui qu’ils soient et où qu’ils se cachent», a-t-elle affirmé.
« Tolérance zéro »
Au cours de sa première visite officielle au Sud-Kivu, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler, a visité l’hôpital de Panzi, où sont soignées des milliers de femmes victimes de violences sexuelles.
Le patron de la Monusco a affirmé que «la lutte contre les violences sexuelles sont une priorité pour la Monusco et une question de tolérance zéro, car il n’y a jamais eu de demi-violence et donc pas de demi- mesure dans la lutte contre les violences sexuelles».
Le chef de la Monusco a exprimé sa solidarité aux femmes victimes de violences sexuelles. Il a également plaidé pour que des mesures soient prises dans la lutte contre les violences et contre l’impunité.
«C’est très important parce que la lutte contre l’impunité, c’est complémentaire avec la lutte contre la violence. Nous, comme la Monusco, faisons tout ce qui est en notre pouvoir, aussi avec notre force militaire, afin d’améliorer la situation sécuritaire dans le pays», a-t-il assuré.
Pour le représentant spécial de Ban Ki-Moon en RDC, il est indispensable de faire connaître au monde le drame vécu par les victimes car «chaque cas de viol ou violence est un cas de trop».
«Je ne peux pas vous promettre la paix, mais j’ai entendu les femmes avec lesquelles j’ai discuté. La paix, c’est la première chose qu’elles veulent. Et encore une fois, pour nous comme la Monusco, c’est important de transmettre dans le monde entier ce qui se passe ici. C’est quelque chose que nous devons publier, dire au monde ce qui se passe ici», a-t-il déclaré.
Après Panzi, le patron de la Monusco s’est rendu à l’aéroport de Kavumu, 35 km au nord de Bukavu, afin de participer à une parade du contingent égyptien de la Monusco.
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