Deux officiers ougandais, arrêtés le mois de juin dernier en Ituri (Province Orientale) par la milice de la Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) de Cobra Matata, ont été transférés ce vendredi 12 juillet à Kinshasa. Leur escorte a été assurée par l’Agence nationale des renseignements (ANR). Cependant, des zones d’ombre persistent autour de l’objectif de leur séjour sur le sol congolais.
Le colonel Ben Béchir et le major William Mosenga, sont tous deux officiers de l’armée ougandaise, au regard des pièces d’identité qu’ils ont brandies. Ils ont quitté Bunia ce vendredi aux environs de 10 heures locales par un régulier de la Compagnie CAA. Ils n’avaient pas de menottes aux mains.
Leur escorte a été assurée par Gaston Luamba, patron de l’ANR dans ce district. Ce dernier les avait gardés dans les installations officielles des ses services pendant six jours.
Au mois de juin, les deux officiers ougandais se sont présentés auprès du chef milicien de la FRPI, Cobra Matata, comme des dissidents du régime du président ougandais Yoweri Museveni.Ils sollicitaient ainsi une base arrière pour lancer des attaques contre Kampala, selon des sources proche de la milice.
Après avoir rejeté la demande, le chef milicien les a arêtes et livrés ensuite le 5 juillet au bureau de l’ANR à Gety, dans des conditions non en élucidées. L’ANR locale les a alors acheminés à Bunia.
Mais, à ce niveau, ils se sont plutôt présentés comme des espions à la solde du gouvernement ougandais, chargé d’enquêter sur un éventuel rapprochement entre Cobra Matata et des groupes Mai Mai du territoire de Beni au Nord-Kivu voisin, qui sont accusés en ces jours de collaborer avec des extrémistes Al shaabab.
Le mardi 25 juin, le commissaire de district de l’Ituri en charge de l’économie et développement, Rustique Avo Eka avait dénoncé la présence des officiers de renseignement ougandais dans les rangs de la FRPI à Getty. Selon lui, ces officiers apportaient un appui en stratégie militaire aux troupes du général autoproclamé Cobra Matata pour rendre ces miliciens « plus forts et plus résistants ».
Quatre jours plutard, la milice a démenti toute collaboration avec l’armée ougandaise. Le chef d’état-major de la FRPI avait toutefois reconnu qu’un colonel et un major ougandais étaient «entrés en contact avec la Force de résistance patriotique de l’Ituri». Il avait indiqué que ces derniers étaient aux arrêts dans le maquis de la FRPI à Getty et que son mouvement était prêt à les livrer aux autorités de district de l’Ituri, sans autres précisions sur la date et les modalités.
Les autorités congolaises tentent de convaincre le chef milicien Cobra Matata de déposer les armes. Mais ce dernier a toujours demandé d’être amnistié par le Chef de l’Etat avant réintégrer « définitivement » l’armée.
Le chef de la FRPI est accusé de crimes contre l’humanité pour viols, meurtres, pillages et tortures commis de novembre 2012 à mars 2013 dans une vingtaine de localités dans le territoire d’Irumu.
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