La crise persiste à l’assemblée provinciale de l’Équateur où deux bureaux se disputent la légitimité. La tentative de médiation menée par le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Jacques Djoli avec l’appui de la Monusco, qui devait aboutir à un accord entre les deux bureaux le samedi 6 avril a échoué. Chaque partie campe sur sa position, rendant impossible la convocation de la session parlementaire au cours de laquelle devra être voté le successeur de Jean-Claude Baende, le gouverneur révoqué par le président Kabila.
Deux bureaux se disputent la direction de l’assemblée provinciale de l’Équateur depuis plusieurs mois. L’un est dirigé par Gontrand Ibambe et l’autre, par Gaston Kiliyo. Ce dernier a été déchu à la suite de son adhésion à un autre parti politique pendant la même législature.
Après sa déchéance, Gaston Kiliyo a introduit une requête à la Cour d’appel de Mbandaka qui l’a réhabilité. De son côté, Gontrand Ibambe a introduit un appel à la Cour suprême de justice pour contester l’arrêt de la Cour d’appel. La Haute Cour ne s’est pas encore prononcée.
La société civile de l’Équateur associée à la dernière tentative de médiation déplore la persistance de cette crise. Son président, Fabien Munguza, dit croire encore à la résolution de ce problème mais il met en garde les élus de sa province.
« Nos élus doivent comprendre qu’une heure de plus dans la crise est de trop pour nous et que nous sommes prêts à nous prendre en charge », affirme-t-il, rappelant aux députés provinciaux qu’ils ont été élus « pour résoudre les nombreux problèmes» de la population.
«L’occasion nous est donnée de lancer encore un dernier appel aux réfractaires qui veulent que l’Équateur continue à rester dans la misère à choisir la bonne direction parce que si tel n’est pas le cas nous allons devoir agir autrement pour reprendre le pouvoir qui est le nôtre parce que nous sommes le souverain primaire», conclut-il.
Le vice-président de la Ceni, Jacques Djoli a a achevé samedi 6 avril sa mission de réconciliation. Il se dit toujours confiant en la résolution de la crise à l’assemblée provinciale malgré l’échec de sa tentative.
Il appelle également les habitants de l’Équateur à garder confiance. « Cette population doit continuer à envoyer des messages de soutien à ses élus directs et indirects que sont le gouverneur et le vice-gouverneur pour que nous puissions retrouver une gouvernance normale », indique-t-il.
Un intérim qui fait polémique
Dans une lettre datée du 2 avril, le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, désigne le ministre provincial de l’Intérieur René-Sébastien Bofaya pour assumer les charges de gouverneur de province intérimaire.
Le ministre national justifie cette décision par l’indisponibilité du vice-gouverneur de province Vincent Mokako qui devrait en principe assumer l’intérim après la révocation du gouverneur Baende.
Interrogé à Kinshasa où il se trouve, Vincent Mokako se dit surpris par la décision de Richard Muyej, affirmant n’avoir jamais déclaré une quelconque indisponibilité à sa hiérarchie.
« Je ne suis pas du tout indisponible. Je suis disponible et quand j’étais venu ici à Kinshasa en mission c’était pour assumer mes fonctions de vice-gouverneur. J’ai fait l’intérim du gouverneur qui était un peu en difficulté. Je suis allé à Kananga [pour assister à la conférence de gouverneurs, ndlr], je suis rentré à Kinshasa. Certains ministres qui étaient à Kinshasa avec moi ont vu que j’ai signés des documents pour le compte de la province. J’ai fait tout ce que devrait faire le gouverneur pendant cette période là », explique-t-il.
Disposition légale
Le vendredi 5 avril dernier, les présidents fédéraux des partis politiques implantés à l’Equateur se réclamant de la Majorité présidentielle ont publié une déclaration dans laquelle ils ont demandé aux autorités du pays de rétablir le vice-gouverneur Vincent Mokako en tant que gouverneur intérimaire.
Contacté par Radio Okapi, le cabinet du ministre de l’Intérieur a promis de donner suite à cette situation.
«En cas de décès, de démission, d’empêchement définitif, de mise en accusation ou de révocation du Gouverneur de province, le Gouvernement provincial est réputé démissionnaire», selon l’article 160 de la loi portant organisation des élections en RDC. «Le Gouvernement provincial, sous la direction du Vice-gouverneur expédie les affaires courantes», précise le même texte.
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