Au lendemain de la reddition de Bosco Ntaganda à l’ambassade des Etats-Unis au Rwanda, la Monusco espère que le chef rebelle sera transféré à la Cour pénale internationale (CPI) « dans les plus brefs délais ». C’est ce qu’a déclaré, mardi 19 mars, le porte-parole intérimaire de la mission onusienne, Carlos Araujo, rappelant que Bosco Ntaganda est accusé par la CPI pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis en Ituri entre 2002 et 2003. La porte-parole du département d’Etat américain, Victoria Nuland, a indiqué que Washington a pris contact avec la Cour et le gouvernement rwandais pour faciliter ce transfert.
« La Monusco soutient tous les efforts en cours pour traduire en justice Bosco Ntaganda », a affirmé Carlos Araujo, ajoutant que la mission onusienne espère que le transfert du chef rebelle à la Haye « marquera la fin de l’impunité dont il a joui pendant des années ».
Bosco Ntaganda est sous le coup de deux mandats d’arrêt de la CPI pour enrôlement d’enfants soldats entre 2002 et 2003, en Ituri. A l’époque, il était le chef militaire de l’Union des patriotes congolais (UPC), une milice de l’ancien chef de guerre Thomas Lubanga, lui-même condamné par la CPI à 14 années de prison.
Satisfaction des ONG de l’Ituri
Les ONG de défense des droits de l’homme de l’Ituri se disent satisfaites de la reddition de Bosco Ntaganda. Elles souhaitent que les Etats-Unis « s’impliquent activement » pour que le chef rebelle soit transféré à la CPI.
Dans un communiqué de presse publié ce mardi ce mardi 19 mars, l’ONG Ligue pour la paix, les droits de l’Homme et la justice (Lipadhoj) recommande au gouvernement américain « de faciliter, dans un bref délai, la remise du suspect Ntaganda à la Cour pénale internationale ».
« Vous savez qu’il y a eu beaucoup de victimes. Il y a beaucoup de personnes qui ont été tuées, des femmes qui ont été violées par le fait de Bosco Ntaganda. Aujourd’hui c’est une joie pour nous de le voir arrêter », a déclaré, pour sa part, Me Mitterrand Bosa, secrétaire exécutif de Justice Plus, une autre ONG de défense des droits de l’homme.
Selon lui, un procès à la CPI sera « au profit des victimes qui attendent d’avoir justice et de Bosco Ntaganda lui-même puisqu’il bénéficiera d’un procès équitable ».
Cependant, les deux ONG expriment des réserves quant au transfert de Ntaganda à la Haye, faisant remarquer que le Rwanda et les Etats Unis ne sont pas signataires du statut de Rome qui crée la CPI.
Elles expliquent aussi leur réserve par le dossier Laurent Nkunda, un autre chef de guerre qui a dirigé l’ancienne rébellion du CNDP avec Ntaganda, qui est officiellement toujours détenu à Kigali.
Satisfaction des habitants de Goma
La plupart des habitants de Goma, ville que la rébellion du M23 a occupée à la fin du mois de novembre 2012, se disent satisfaits de la reddition de Bosco Ntaganda, considéré par plusieurs personnes comme l’initiateur de ce mouvement rebelle.
« C’est une bonne chose qu’il se soit rendu. Mais j’attends aussi qu’on arrête toutes les autres personnes qui sont derrière lui parce qu’il n’était le seul à agir », a confié une dame.
« Il était devenu un homme dangereux pour toute la région », affirme un autre habitant de Goma qui réclame également l’arrestation des autres collaborateurs de Ntaganda.
Un autre dit espérer que les troupes du M23 fidèles à Bosco Ntaganda qui, pour la plupart se sont refugiées au Rwanda, vont se rallier aux FARDC.
« Dans ce cas, on pourra dire que la guerre a pris fin. Autrement, Laurent Kunda aura changé en Ntaganda qui changera en une autre personne », a-t-il poursuivi, faisant allusion à l’autre chef de guerre congolais qui a dirigé le CNDP avant d’être pourchassé et détenu au Rwanda.
Après la scission du M23, rébellion créée en mai 2012 par des mutins de l’armée congolaise, les troupes de Makenga ont chassé de la localité de Kibumba celles de Bosco Ntaganda, qui ont pour la plupart trouvé refuge au Rwanda.