En un instant, des trombes d’eau ont dispersé la foule des déplacés réunie sur une vaste esplanade volcanique du camp de Kanyaruchinya, à quelques kilomètres de Goma, dans cette partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC), ravagée par des guerres qui, à peine éteintes, semblent renaître de leurs cendres depuis des décennies pour le plus grand malheur des populations. Face à la colère d’un ciel subitement assombri par le début de la saison des pluies, la belle tenue d’Amina Ntalemwa est devenue dégoulinante, avant même qu’elle n’atteigne sa hutte bâchée. C’est ici que la collégienne survit depuis trois mois, après avoir fui les combats qui opposaient alors les rebelles du M23 au Forces armées de RDC (FARDC) dans les environs de Rugari, à 35 kilomètres au nord du camp de Kanyaruchinya.
Lundi 16 octobre, Amina s’était faite belle dans son uniforme, chemisier blanc, jupe bleu marine descendant sous les genoux, pour accueillir la ministre française déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui venue, après la clôture du sommet de Kinshasa, apporter de l’aide humanitaire au nom de la France. “On a faim, mais surtout on veut étudier, il n’y a rien pour nous les collégiennes. Vous croyez qu’elle va changer quelques choses ?”, s’interroge la jeune fille.
“CHEZ MOI, ON VIOLE ET ON TUE”
Bienvenue, l’aide française de 1 million d’euros est une goutte d’eau au regard des besoins de cette population désespérée. Arrivées en plusieurs vagues depuis la fin juin fuyant les combats déclenchés en avril par des militaires mutins, Tutsi pour la plupart, 15 000 familles (soit plus de 60 000 personnes dont beaucoup de femmes et d’enfants, à 85% Hutu) se sont regroupées spontanément à Kanyaruchinya, le site d’un ancien camp de déplacés durant une autre guerre au Kivu. Le regroupement est misérable, au pied du volcan Nyiragongo au sol pierreux rétif à l’agriculture et qui interdit les forages de puits d’eau. Lire la suite sur lemonde.fr