La deuxième conférence nationale sur les mines en RDC s’ouvre ce lundi 24 mars à Goma sur le thème: «Gestion durable et transparente des ressources naturelles de la RDC post conflit». Le Premier ministre, les différentes autorités du pays et les représentants du corps diplomatiques sont déjà dans la capitale du Nord-Kivu pour assister à l’ouverture de ce forum de deux jours, qui devrait être présidée par le président de la République. Dans cette province, le secteur minier se porte mal. La population locale attend un geste fort de la part de Joseph Kabila.
Le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, explique pourquoi la deuxième édition de cette conférence va évaluer, en plus des mines, les ressources naturelles:
«Nous voulons faire voir à l’opinion nationale et internationale que tout ce qu’on dit sur la République [démocratique du Congo] au sujet de la gestion des ressources minières et naturelles n’est pas juste. Et nous nous efforçons à ce qu’il n’y ait rien à dire dans la gouvernance du secteur minier.»
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Les habitants du Nord-Kivu disent espérer que ces assises permettent un réel développement du secteur minier dans cette province. Un Gomatracien a fustigé le trafic illicite des minerais entretenu par des sujets étrangers:
«C’est une occasion en or que nous venons de trouvée, nous populations du Kivu, de demander à tous les investisseurs étrangers qui viendrons à cette conférence que les Rwandais ne doivent plus être les commissionnaires des nos mines. Nous voulons qu’ils [investisseurs] viennent traiter directement avec nous. L’argent des mines, nous ne voulons plus que ça passe encore par Kigali et l’Ouganda. Ça doit passer directement entre les mains des Congolais.»
«…des rapports indexant les autorités militaires et policières… »
En revanche, d’autres habitants de Goma en ont profité pour lancer ce message au chef de l’Etat congolais: «Qu’il [Joseph Kabila] insiste pour que nous ne puissions plus voir des rapports indexant les autorités militaires et policières et même les agents de sécurité qui [se livrent à l’exploitation] des gisements des mines.»
A la veille de cette rencontre, les coordinations de la société civile de différentes provinces de la RDC se sont réunies à Goma pour harmoniser leurs ponts de vue et trouver un message unique à livrer lors de ces assises. Selon elles, la gestion des ressources naturelles en RDC pose encore beaucoup des problèmes et ne profite pas du tout à la population.
A ce propos, une habitante de Goma a décrié une situation paradoxale :
«Nous avons besoins du concret: que les populations locales puissent voir l’impact [de l’exploitation minière] sur terrain. La construction des routes, l’eau, l’électricité, voilà ce que nous attendons de l’argent qui viendra des mines. La route qui va de Goma à Walikale n’existe plus; alors que c’est de là que viennent plusieurs minerais. C’est contradictoire !»
Tableau sombre
Actuellement certaines avancées sont signalées dans le processus de validation des sites miniers dans les territoires de Masisi et Walikale. Néanmoins plusieurs sites dans ces deux territoires restent qualifiés de «rouges et interdits d’exploitation.»
Selon prince Kihangi, un acteur local du secteur de mines, pour Masisi seulement, 17 sur 28 sites sont déjà validés, alors que pour Walikale aucun site n’est validé. Pourtant c’est ce territoire qui produit beaucoup plus de minerais au Nord-Kivu.
Depuis 2010, le Nord-Kivu a fait les frais des mesures d’interdiction d’exploitation des mines. Par exemple, jeudi 9 septembre, le président Joseph Kabila avait suspendu de six mois l’exploitation minière sur toute l’étendue de Walikale. Deux facteurs majeurs expliquaient sa décision: la fraude à outrance constatée dans l’exportation des minerais à Walikale et l’insécurité liée à cette activité; surtout que les carrés miniers de cette zone attiraient des militaires FARDC et des miliciens qui s’adonnaient à une exploitation illégale.
Cependant, «des soldats congolais et des groupes armés ont continué le commerce illicite de minerais dans cette partie du pays, malgré la suspension pendant six mois de l’exploitation minière artisanale», dénonçait l’ONG Global Witness dans son communiqué du vendredi 4 mars 2011.
Ensuite, il y a eu «un embargo de fait», selon le Fédération des entreprise du Congo (Fec), à la suite de la loi américaine Dodd Franck contre le trafic de «minerais de sang», c’est-à-dire issus des zones de conflits.
En conséquence, l’activité minière est sensiblement réduite sur le terrain. Les comptoirs d’achat des minerais ont presque tous fermés et la fraude a augmenté, selon des sources proches de la Fec.
Le Premier ministre Matata Ponyo est arrivé à Goma dimanche dans la matinée pour prendre part à la deuxième conférence nationale sur les mines en RDC. Selon des sources proches du cabinet du gouverneur du Nord-Kivu, le chef de l’Etat Joseph Kabila est également attendu à Goma. Une délégation d’ambassadeurs et de représentants du corps diplomatique accrédités à Kinshasa étaient déjà arrivés sur place samedi pour assister à ce forum prévu du 24 au 25 mars.
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