L’environnement des affaires en RDC comporte beaucoup de risques. Ce fait justifierait le taux d’intérêt élevé que les banques commerciales appliquent à leurs clients lors de l’octroi d’un crédit. Cette position de l’Association congolaise des banques (ACB) répond aux critiques que le gouvernement a récemment formulées à l’endroit des banques commerciales.
« Le taux d’intérêt débiteur doit refléter les évolutions que nous avons enregistré au cours des dernières périodes. Il faut que le taux débiteur des banques devienne un vrai levier pour la croissance économique. Et aujourd’hui, le niveau du taux débiteur gêne beaucoup la croissance économique », a affirmé lundi 18 février le ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi.
En effet, la Banque centrale du Congo (BCC) a baissé son taux directeur en faveur des banques commerciales le faisant passer de 70 en 2009 à 4% à ce jour. Une évolution qui n’est pas suivie par les banques commerciales. Actuellement, ces dernières appliquent 24- 25% de taux d’intérêt pour des crédits octroyés en franc congolais et 15% pour les crédits libellés en dollars américains. Des taux que le ministre délégué aux Finances juge trop élevés.
Les responsables de l’association des banques congolaises (ACB) affirment, pour leur part, que la fixation du taux d’intérêt dépend de la loi de l’offre et de la demande. Selon eux, les demandes actuelles de crédit sont élevées alors que les ressources sont insuffisantes. Une situation du marché qui maintient, toujours selon eux, les taux d’intérêt à un niveau encore trop élevé.
Pour baisser ce taux, le président de l’ACB, Michel Losembe pense qu’il faut «augmenter la capacité des banques à capter l’épargne publique, c’est-à-dire à se déployer, à ouvrir des agences. Il faut aussi réduire le niveau des risques de l’environnement».
L’ACB estime que les efforts déployés par le gouvernement portent uniquement sur la monnaie locale qui ne représente que 10 à 15% de l’ensemble du mouvement des crédits. Ce qui fait que la baisse de taux de la Banque centrale ne peut pas avoir un impact significatif sur l’activité de crédit.
Et Michel Losembe d’ajouter :
«Le gouvernement n’aide pas beaucoup les banques. Elles ne sont pas éligibles au code d’investissements. Les banques paient des impôts parfois supérieurs à ceux des autres secteurs de l’économie (...) Ce sont autant des facteurs qui pèsent sur les charges d’exploitation des banques.»
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Malgré ces divergences, les négociations se poursuivent entre les banques et le gouvernement. Vendredi dernier, les banques ont accepté de compresser certains frais. Le gouvernement a pour sa part accepté d’étudier les possibilité d’allègement fiscal en faveur des banques. Les deux parties espèrent que cette initiative pourrait conduire à terme à la baisse du taux d’intérêt des crédits octroyés en franc.
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