Jeannine Mabunda, représentante personnelle du chef de l’Etat congolais chargée des questions des violences sexuelles le 31/03/2015. Radio Okapi/Photo John Bompengo
La représentante du chef de l’Etat en matière des violences sexuelles, Jeanine Mabunda Lioko, a assisté mercredi 20 mai aux audiences publiques sur les violences sexuelles qui se poursuivent devant les juridictions civiles et militaires de Bunia, chef-lieu de l’Ituri (Province Orientale). Sa présence a été saluée par certaines autorités civiles et militaires locales et critiquées par d’autres observateurs qui redoutent que la présence de Jeanine Mabunda a pu influencer les juges.
Ils estiment que depuis cinq jours les choses se font à la hâte dans ces juridictions pour amener les juges à satisfaire la présidence de la République au lieu de dire convenablement le droit.
“Nous venons de suivre, il y a un ou deux dossiers qui viennent de passer. Aujourd’hui, les mêmes dossiers sont instruits et même plaidés. Alors, on a comme l’impression que les dossiers n’ont pas été suffisamment bien instruits au niveau des parquets. Ça ne vaut pas la peine d’envoyer directement les dossiers en fixation, pour être instruits et plaidés, attendre le jugement à venir, parce que seulement la délégation [de Jeanine Mabunda] est là”.
“A ce rythme, on risque d’écourter les débats, avec tous les risques de condamner les gens qu’on ne devait pas condamner et acquitter ceux qui ne le méritent pas”, craignent certains juristes de Bunia qui ont préféré garder l’anonymat.
Cet argument est balayé par un conseiller de Jeanine Mabunda qui déclare que le bureau de sa patronne n’interfère pas dans les affaires judiciaires. Il explique que l’intervention de Jeanine Mabunda se limite à un appui spécifique et ponctuelle en cas de besoins exprimés par les acteurs judiciaires.
Plusieurs ONG des droits de l’homme ainsi que les autorités judiciaires ont soumis, mercredi 20 mai, à Jeanine Mabunda une liste de besoins pour lutter contre les violences sexuelles en Ituri.
C’est depuis lundi 18 mai que des audiences marathon se tiennent à Bunia en vue de vider environ soixante dossiers en souffrance devant les tribunaux civils et militaires de l’Ituri.
Les présumés violeurs étaient détenus à la prison centrale de Bunia depuis des longues périodes pour certains d’entre eux sans avoir jamais été présentés à un juge.
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