La délégation syndicale nationale et de l’Intersyndicale de la Régie de voies aériennes (RVA) est opposée à la décision du gouvernement congolais de confier l’assistance technique de cette entreprise à la firme française Aéroports de Paris Ingénierie (ADPI). Dans une déclaration publiée jeudi 10 juillet, les syndicalistes affirment garder un mauvais souvenir de la gestion de leur entreprise par cette firme entre 2008 et 2010.
Les syndicalistes indiquent que le bilan de gestion de la RVA par ADPI s’était révélé globalement négatif suite à l’échec de stabilisation des activités de leur entreprise, la mauvaise gestion criante, l’endettement excessif auprès des banques, l’atteinte à la paix sociale consécutivement au licenciement massif et abusif des cadres et agents.
« Elle avait signé un contrat de gestion avec le gouvernement de la République pour stabiliser la RVA. Et cette gestion était catastrophique à tout point de vue. ADPI a plus créé des problèmes à la RVA qu’elle en a résolus. Pour toutes ces raisons, les travailleurs de la RVA à travers le banc syndical sont farouchement opposés au retour de cette firme », explique Trésor Kapya, secrétaire général du syndicat Fosyco/RVA.
Les travailleurs déplorent également le fait que certains experts de l’ADPI, envoyés actuellement à la RVA, seraient moins qualifiés que les cadres congolais qu’ils tiennent à remplacer dans les postes organiques de l’entreprise.
En outre, ils s’opposent à l’application immédiate d’une disposition de la loi sur l’aviation civile qui a été promulguée.
Il s’agit de l’article 94 de cette loi qui consacre la séparation des activités de navigation aérienne et celles des aéroports, dans son volet commercial, de la RVA.
« La précipitation avec laquelle le gouvernement vise la scission de la RVA nous surprend parce qu’aucun préalable n’est rempli. C’est un harakiri, un suicide que de chercher à scinder la RVA », met en garde Trésor Kapya.
Avant l’application de cette disposition de l’article 94 de la loi sur l’aviation civile, les travailleurs de la RVA réclament préalablement :
- La viabilisation de deux entités qui sont créées
- L’autonomisation des aéroports et aérodromes du pays
- La prise en compte du coût social de cette opération qui, selon le syndicat, risque de mettre en péril le sort des milliers de travailleurs
ADPI, une mission d’assistance technique
Dans une correspondance adressée au président du Conseil d’administration de la RVA le 26 juin dernier, la ministre du Portefeuille, Louise Munga, indique que la nouvelle mission d’ADPI consiste en une assistance technique. Cette mission est censée accompagner le gouvernement dans la préparation de la réforme profonde de la RVA, en la séparation de ses activités en deux entités.
La ministre précise que cette mission est différente de la première qui avait été confiée à la firme française qui disposait alors d’un mandat de gestion.
Louise Munga fait remarquer que le mémorandum des syndicalistes ignore « les résultats qui sont visibles aujourd’hui à travers les investissements en cours de réalisation à la RVA le sont grâce aux financements apportés par les partenaires techniques et financiers du gouvernement à la suite de la première mission d’ADPI, exécutée entre octobre 2008 et décembre 2010 ».
La ministre invite, par ailleurs, les travailleurs à prendre toutes les dispositions nécessaires pour que la mission d’assistance technique d’ADPI à la RVA s’exécute dans les meilleures conditions.
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