Kigali freine le processus d’amnistie des ex-M23 réfugiés sur son sol, accuse Kinshasa

Les rebelles du M23

La question de l’amnistie des ex-rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) divise le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Selon Kinshasa, Kigali refuse de recevoir sur son sol la délégation congolaise qui doit remettre des formulaires de demande d’amnistie aux ex-M23, et aimerait que la RDC accorde « un statut spécial » à ces anciens combattants, défaits en novembre 2013 par l’armée congolaise appuyées par la Monusco. Cette inquiétude des responsables congolais a été présentée mardi 3 juin lors de la réunion qu’ils ont eue à Kinshasa avec les envoyés spéciaux internationaux pour la région des Grands Lacs.

Pour le coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord d’Addis-Abeba, François Muamba, les ex-rebelles du M23 refugiés au Rwanda ne devraient pas avoir « un statut spécial ». Kinshasa les classe au même rang que ceux qui ont trouvé asile en Ouganda.

« Quand on dit ex-M23, de quoi est-ce qu’on parle ? Est-ce qu’il y a deux ex-M23 ou il n’y en a qu’un ? Est-ce que ces gens là engagent ce qui se passe au Rwanda ou pas ? », s’interroge François Muamba qui pose cette hypothèse :

« S’il y en a qu’un, ça veut dire que ceux qui sont en Ouganda sont les mêmes que ceux qui sont au Rwanda. Notamment en ce qui concerne l’ex-leadership, il y a René Abandi et Bertrand Bisimwa ».

A l’en croire, les autorités rwandaises elles-mêmes disent qu’il y a un seul ex-M23 .

De ce point de vue, François Muamba affirme :

« Alors si c’est ainsi, il ne peut pas y avoir des traitements différenciés entre la manière dont la question d’accès en amnistie est traitée avec ceux qui sont en Ouganda par rapport à ceux qui sont au Rwanda. Il faut que ça soit clarifié ».

Le coordonnateur du mécanisme de suivi indique que la RDC n’est pas disposée à de nouvelles négociations sur cette question :

« Nous ne sommes pas disposés à aller à des renégociations qui ne diraient pas leurs noms. Il y a un document et on l’applique. Si ce sont les mêmes, alors c’est dans les mêmes termes que cela doit se faire ».

Nécessité d’une coopération du Rwanda

François Muamba dit avoir relayé la demande du président de la République « de voir tous ces envoyés spéciaux s’impliquer pour baliser sur un sujet d’ailleurs qui ne devrait pas poser problème ».

En réaction, les représentants de la communauté internationale pour la région des Grands Lacs ont estimé qu’il y a nécessité que le Rwanda coopère.

Mary Robinson, la représente spéciale du secrétaire général des Nations unies pour la région de Grands lacs, a promis de contacter les autorités rwandaises à ce sujet. C’est elle qui a conduit cette délégation des envoyés spéciaux pour une visite de deux jours à Kinshasa qui s’est achevée mardi.

Dans la délégation, il y avait les envoyés spéciaux de l’ONU pour la région des Grands Lacs ainsi que ceux de l’Union Africaine, de l’Union européenne et des Etats-Unis qui étaient en réunion mardi à Kinshasa avec les responsables congolais chargés du mécanisme de suivi de l’accord-cadre de paix d’Addis-Abeba.

Le but de cette rencontre était d’évaluer la mise en œuvre de six engagements de la RDC contenus dans cet accord, de parler de l’évolution du processus de la mise en application de la déclaration de Nairobi et de l’évolution dans la mise en application du processus DDR en RDC après la défaite du M23.

Plusieurs organisations de la société civile avaient dénoncé, le 28 mai dernier, l’absence des rebelles des ex-M23 dans des centres de regroupement d’anciens combattants concernés par la troisième phase du processus de désarmement, démobilisation, et réinsertion (DDR III) à Mubambiro, à 25 Km de Goma (Nord-Kivu). Le centre héberge actuellement près de 500 ex-combattants issus de divers groupes armés locaux.

Les responsables du DDRIII avaient indiqué que les combattants du M23 qui se sont rendus avant la fin de la guerre, et ceux qui sont en exil au Rwanda ou en Ouganda sont concernés par ce processus. Ils doivent passer par un test d’éligibilité qui détermine s’ils doivent intégrer l’armée ou être démobilisés.

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