Les évêques catholiques appellent les dirigeants politiques d’Afrique à ne pas travailler que pour leurs propres intérêts, mais pour le bénéfice de tous. Ils ont fait cette recommandation, dimanche 14 juillet, à l’occasion de la clôture de leur Assemblée générale tenue à Kinshasa. Ils invitent aussi les Africains à s’engager urgemment dans le combat pour un ordre juste, où chacun peut jouir des droits liés à sa dignité humaine dans tous les domaines de la vie.
« L’Afrique aujourd’hui a besoin d’un bon samaritain en politique, capable de penser l’organisation de la société, de telle sorte que le bien commun soit promu dans l’ordre économique des personnes entreprenantes capables de gérer des richesses, non pas pour eux-mêmes, mais pour leurs frères et sœurs avec la fierté d’apporter le bonheur à tous sans exception », a déclaré l’évêque du Congo-Brazzaville, Mbuyu, dans son homélie.
Dans leur message, les évêques d’Afrique et de Madagascar fustigent le comportement des dirigeants africains « qui demeurent indifférents à la misère de leurs frères ».
« Beaucoup se donnent comme but fondamental de leur vie, soit l’accumulation des richesses à n’importe quel prix, au point même de demeurer indifférents à la misère de leurs frères ; soit la course effrénée vers l’accession au pouvoir politique non pour le service de leurs frères, mais pour leurs propres satisfactions », a ajouté Mgr Mbuyu.
« Ni le pouvoir, ni le valoir ne comble véritablement et profondément le cœur d’une personne assoiffée d’absolue », a-t-il indiqué.
Mettre fin à la guerre en RDC
Les évêques dénoncent aussi les guerres récurrentes qui sévissent dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), occasionnant des millions de morts et des viols.
« Le Congo pleure six millions de morts depuis le déclenchement de la guerre qui dure presque deux décennies. La guerre qui sévit en RDC continue de déstabiliser ce pays, de causer d’importantes pertes en vies humaines, des graves violations en droits humains, particulièrement les viols des femmes », a pour sa part affirmé l’Abbé Léonard Santedi de Kinshasa.
Selon lui, les évêques ne peuvent pas se taire « devant ce drame qui semble être oublié ».
« Ainsi, nous condamnons énergiquement les auteurs de ces crimes, et tous ceux qui leur apportent de l’aide de quelque nature que ce soit », a martelé l’Abbé Santedi.
Les prélats catholiques invitent, de ce fait, toutes les parties impliquées dans la recherche de la solution à cette guerre de travailler définitivement pour la paix en RDC.
« Nous lançons un appel pressant et pathétique aux Nations unies, à l’Union européenne, à l’Union africaine et aux gouvernements des autres pays impliqués de quelque manière que ce soit dans cette guerre, afin qu’ils s’engagent résolument à mettre fin à cette guerre qui n’a que trop duré », a ajouté l’Abbé Santedi.
Par ailleurs, les évêques saluent la signature de l’accord cadre d’Addis-Abeba du 24 février dernier et la résolution 2098 créant la Brigade d’intervention de la Monusco pour neutraliser les groupes armés opérant en RDC.
Sensibiliser les décideurs politiques
Les évêques membres de la conférence épiscopale du Rwanda, d’Ouganda et tant d’autres dont les pays sont enclins à la guerre ont été chargés de sensibiliser les décideurs politiques de leurs pays respectifs pour le retour d’une paix durable en RDC.
En vue de concrétiser son engagement pour la paix, la justice et la réconciliation, ils ont adopté un plan stratégique quinquennal de 2013-2018 avec des projets concernant la gouvernance, le bien commun et les transitions démocratiques en Afrique, plus particulièrement en RDC.
« Nous nous sommes engagés à poser des actes forts. Maintenant c’est à chaque conférence et au niveau continental de voir quelles sont les situations qui demandent des interventions précises et responsabiliser tous ceux qui sont engagés dans cette affaire de la guerre », a indiqué le premier 1er vice-président du SCEAM, Mgr Gabriel Mbilingi d’Angola.
Les situations de la RDC, la Centrafrique, les pays de la corne de l’Afrique, le Mali, le Nigeria, le Soudan du Sud, le Madagascar, la Tunisie et l’Egypte ont dominé les échanges du forum des prélats.
L’Assemblée générale des évêques a débuté mardi 9 juillet. Elle a réuni une centaine d’évêques d’Afrique et de Madagascar, autour du thème : « « L’église famille de Dieu en Afrique au service de la réconciliation, la justice et la paix ». Elle a pris fin dimanche 14 juillet par une messe organisée au stade des Martyrs, à laquelle ont pris part tous les chrétiens catholiques.
Le but de cette rencontre était de réfléchir sur l’importance d’arrêter des nouvelles orientations pastorales en vue de la réconciliation à travers l’évangile.
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