Le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, a tenté, mercredi 28 novembre, de rassurer les députés nationaux sur l’efficacité des Forces armées congolaises à défendre le pays. Bien que reconnaissant la situation préoccupante dans l’Est du pays suite à l’occupation d’une partie du Nord-Kivu par les rebelles du M23, il a affirmé que, grâce notamment au processus de réorganisation de l’armée en cours, les militaires congolais sont capables de défendre le territoire national. Les députés de l’opposition qui voulaient un débat avec le Premier ministre ne l’ont pas obtenu à cause d’une motion d’une députée de la majorité.
Le chef du gouvernement congolais s’est dit « convaincu qu’avec la réorganisation au niveau de la hiérarchie des forces armées, l’utilisation rationnelle des ressources affectées, une logistique appropriée et un bon encadrement, les vaillants combattants soldats congolais sont à même de défendre le territoire national comme il le faut ».
Selon lui, le lancement du processus de changement dans la chaîne de commandement militaire prouve à souhait l’engagement du gouvernement à réorganiser l’armée.
Matata Ponyo a, par ailleurs, invité les Congolais, en général, et les députés nationaux, en particulier, « en ce temps d’agression », à faire preuve « d’un sens élevé de dignité et de solidarité nationale ».
« Nous devons donc taire nos ambitions personnelles et privilégier la défense des intérêts supérieurs et inaliénables de la nation. La postérité nous en sera reconnaissante », a-t-il affirmé.
Le Premier ministre Matata Ponyo avait été invité par le bureau de l’Assemblée nationale pour informer les députés sur la situation qui prévaut actuellement dans les Kivu.
La majorité refuse le débat
Après l’exposé du Premier ministre, une députée membre de la Majorité présidentielle, Vicky Katumua, a introduit une motion pour qu’il n’y ait pas de débat autour de cette question, estimant que les propos de Matata Ponyo avaient été suffisamment clairs.
Cette motion a suscité de violentes réactions dans la salle notamment au sein de l’opposition.
Face à la confusion qui s’est ensuite installée, le président de l’Assemblée nationale a suspendu la séance plénière.
Pour Vicky Katumua, il s’agissait d’éviter qu’ à la place d’un débat républicain, la séance ne « tourne aux injures et à la dérision ».
De son côté, le député de l’opposition Grégoire Kiro a estimé que, face à la gravité de la situation dans l’Est du pays, le débat était « d’une grande importance pour le peuple ».
« Quand les députés veulent avoir un débat sur cette question, nos amis de la Majorité votent une motion pour demander qu’il n’y ait pas de débat. C’est inadmissible. Le peuple doit savoir ce qui se passe », a-t-il déclaré.
Après la reprise de la séance, le président de l’Assemblée, Aubin Minaku, a permis au Premier ministre et aux membres du gouvernement qui l’accompagnaient de quitter la salle.
Pour l’opposition, Matata Ponyo a « réussi son coup en évitant encore une fois le débat».
Lundi 26 novembre dernier, une demande d’interpellation du Premier ministre, introduite par un député de l’opposition, avait été rejetée, moins de deux mois après le rejet d’une précédente demande d’interpellation.
La ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, ainsi que d’autres localités de cette province sont occupées par le Mouvement du 23 mars (M23), rébellion créée en mai dernier par des mutins de l’armée congolaise issus de l’ancienne rébellion du CNDP.
Sous la pression de la communauté internationale, dont la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), les rebelles du M23 ont consenti à se retirer de la ville de Goma et des localités occupées après l’offensive du 15 novembre dernier.
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