RDC : des avancées et des défis persistants pour les anesthésistes et réanimateurs

Le Dr Christophe Mwaluka, directeur du Programme national des urgences, catastrophes et action humanitaire, a salué les progrès réalisés dans les conditions de travail des anesthésistes et réanimateurs en République démocratique du Congo, notamment grâce à la mise en œuvre progressive de la couverture santé universelle.

Selon le Dr Mwaluka, la RDC compte aujourd’hui environ une centaine de professionnels dans ces spécialités. À Kinshasa, les efforts du Gouvernement ont permis une meilleure reconnaissance du métier, avec des initiatives comme la prestation de serment de 143 techniciens anesthésistes réanimateurs en juillet 2023. Ces avancées s’inscrivent dans le cadre de la régulation du secteur et de la lutte contre les pratiques non conformes.

Des conditions précaires dans l’arrière-pays

Malgré ces progrès, les réalités sont bien différentes à l’intérieur du pays. Le Dr Mwaluka déplore que dans plusieurs zones rurales, les anesthésistes doivent intervenir sans oxygène ni matériel adéquat, mettant en péril la sécurité des patients.

« Les difficultés que nous avons c’est, dans la plupart de temps sur l’ensemble de la République, nous travaillons dans des conditions difficiles surtout dans l’arrière-pays. Il y a des interventions des anesthésistes que les gens font ils n’ont même pas de l’oxygène », témoigne Dr Christophe Mwaluka.

À Kolwezi, dans la province du Lualaba, le Pr Fanny Malonga, directeur de l’hôpital général de référence Mwangeji, souligne l’absence totale d’urgentistes. Les cas graves sont systématiquement transférés à Lubumbashi, faute de spécialistes. La province ne compte que cinq médecins spécialistes, dont deux gynécologues, deux chirurgiens et un épidémiologiste.

« Nous avions l’habitude de référer tous les cas compliqués vers Lubumbashi. Maintenant que nous devons être autonome, nous sommes en train de nous former. Il y a des jeunes qui sont allés en formation. Si vous comptez le nombre de spécialistes, nous ne sommes qu’à 5 pour toute la province», détaille Dr Malonga.

Un carrefour pour repenser le système de santé

Du 17 au 20 août, plus de 160 professionnels de santé se sont réunis à Lubumbashi pour la 4ᵉ édition du carrefour de l’anesthésie, réanimation et des urgences. Ces assises ont permis de dresser un état des lieux du secteur et de formuler des recommandations pour améliorer la prise en charge des patients dans les trois domaines clés.

La conversion de la STARDC en Conseil national des techniciens anesthésistes réanimateurs (CNTAR) marque une volonté de structurer la profession et d’interpeller le Gouvernement sur les conditions de travail encore difficiles dans les hôpitaux publics. Le plaidoyer porte notamment sur l’accès aux équipements, la formation continue et la reconnaissance officielle des compétences.

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