Occupation de la ville de Goma : les femmes entrepreneures en difficulté

Vue des produits vivriers en vente au marché Kahembe de Goma (Nord-Kivu). Vendredi 22 novembre 2024


Radio Okapi/Ph. Denise Lukesso

De nombreuses femmes entrepreneures du secteur agro-alimentaire peinent à relancer leurs activités après l'occupation de la ville par la coalition rebelle M23-AFC, soutenue par le Rwanda. Certaines d'entre elles ont exprimé leurs difficultés à Radio Okapi ce samedi 8 mars.

La plupart de ces femmes comptaient sur le paiement de leurs clients, qui règlent généralement leurs dettes à la fin du mois de janvier après les dépenses des fêtes de fin d'année. Cependant, la guerre a éclaté la dernière semaine de janvier, les empêchant de recouvrer leurs créances.

Léa Bisimwa, active dans la chaîne de valeur du poulet de chair, témoigne des difficultés rencontrées par le secteur :

"Moi, je vends des poulets fumés. D’habitude, j’achetais auprès des fournisseurs des poules à 6 dollars et demi, voire 7. Après les avoir fumés, je les revendais à 10 dollars. Dans les circonstances actuelles, je ne suis pas en mesure de poursuivre mes activités. La raison est que plusieurs clients me devaient de l’argent pendant cette période de janvier. Le temps de rebondir en février, la guerre est arrivée et je ne peux pas leur réclamer l’argent aujourd’hui."

De plus, la fermeture des banques depuis plus d'un mois les prive de toute possibilité de transaction, malgré la baisse des prix des produits par les fournisseurs.

Grâce aux produits rwandais qui inondent le marché de Goma, le prix des poulets de chair a sensiblement baissé. Il est passé de 7 à 5 USD, selon Léa Bisimwa.

"Et nous n’avons même pas les moyens de payer à ce prix bas. La non-circulation de l’argent devient un vrai casse-tête à Goma. On ne sait pas comment la situation sera réglée", poursuit-elle.

Un défenseur des droits humains présent à Goma appelle toutes les parties prenantes, à tous les niveaux, à mettre fin à cette situation de guerre. Il dénonce les contraintes imposées à la population locale, les qualifiant de « punition », alors que les habitants de Goma sont déjà victimes de multiples formes de souffrance.

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