Le Syndicat autonome des magistrats du Congo (SYNAMAC) dénonce « la propension du ministre de la Justice dans ses sorties médiatiques à vouloir rendre les magistrats seuls acteurs de la justice responsables de la mauvaise administration de la justice, éludant ainsi les questions de fond à la base du dysfonctionnement de ce secteur ».
Dans un communiqué publié ce jeudi 15 août, le SYNAMAC fustige les discours du ministre à la limite populistes et outrageant à l’égard de tout un corps, exposant les magistrats dont la sécurité est déjà précaire ou pas du tout assurée.
Le syndicat dénonce aussi création des tribunaux populaires où le ministre se transforme tantôt en juge, qualifiant certaines œuvres du juge des décisions iniques, tantôt en procureur, ordonnant des arrestations, et de l’autre, la création des commissions ayant pour objet de statuer sur les actes des magistrats. Il attire ainsi l’attention des membres du bureau du Conseil supérieur de la magistrature sur la participation de certains magistrats dans des commissions créées en vue de censurer les actes relevant des attributions des cours, tribunaux et parquets sans s’en référer à leur hiérarchie respective.
« Dans un Etat de droit, le seul moyen d’attaquer une décision de justice demeure les voies de recours prévues par le législateur. Et lorsqu’elles sont toutes épuisées, la seule possibilité qui reste est le pourvoi en cassation dans l’intérêt de la loi. Agir autrement, c’est se comporter en hors la loi », indique le communiqué.
Les magistrats demandent au ministre « d’arrêter ses agressions et de travailler avec les magistrats dans cette lutte dont il n’est pas seul, et n’en a pas non plus le monopole ».
« Si la justice doit être considérée comme une chaine, la magistrature n’est que l’un des maillots parmi les autres acteurs de l’administration de la justice qui en sont aussi les maillons. Si la chaine de justice est malade, c’est donc tous les maillons qui sont malades y compris le ministre de la Justice. Car chacun a sa part de responsabilité dans l’administration de la justice », rappelle le SYNAMAC.