Michel Bisa : « Sur 10 000 personnes interrogées, 90% ont un problème qui pouvait les conduire à solliciter un duplicata de la carte d'électeur »

Michel Bisa, enseignant d’universités et secrétaire scientifique de l’Observatoire de la Gouvernance, un laboratoire de recherche en sciences politiques à l’Université de Kinshasa et à l’université panafricaine de gouvernance et innovations, affirme qu’a cours d’une enquête réalisée par sa structure, 90% sur les 10 000 personnes interrogées ont un problème qui pouvait les conduire à solliciter un duplicata.

Sa structure qui s’intéresse sur l’actuel processus électoral en RDC vient d’effectuer une enquête dans la ville de Kinshasa sur l’opération de la production des duplicatas de cartes d’électeurs par la CENI.  

« Sur les 10 000 personnes interrogées, c’est au-delà de 90% qui s’étaient déclarées avoir un problème qui pouvait les conduire à solliciter un duplicata. Soit parce que ces gens ont perdu les cartes par leur faute, soit les cartes qu’ils avaient étaient celles dont les écrits et la photo sont effacées », a expliqué Michel Bisa.

L’engouement suscité par la requête des duplicatas fait que des personnes passent des mois sans avoir ces cartes d’électeurs au niveau des antennes de la CENI qui, du reste, sont moins nombreuses par rapport aux centres d’enrôlement. Et cela entraine un découragement.

« Le risque que notre enquête a relevé est que la majorité des gens arrivent à se décourager et à penser qu’ils peuvent voter sans des cartes lisibles. Et que le jour du vote, nous risquerons d’avoir des Congolais qui iront aux bureaux de vote avec des cartes illisible et que la CENI n’ait pas la possibilité de les accepter. Cela pourrait engendrer des désordres », alerte le secrétaire scientifique de l’Observatoire de la Gouvernance.

Des propositions

L’Observatoire de la Gouvernance recommande à la CENI d’anticiper d’éventuels désordres :

« Nous avons estimé que la CENI pouvait carrément, au regard de la qualité de ses cartes, réimprimer les cartes pour tout enrôler de 2023 et demander aux gens d’aller retirer ces cartes là où ils s’étaient fait enrôler ».

Cette démarche, reconnait Michel Bisa, peut avoir un coût financier imprévu. Mais ça peut réduire des désordres et engouement que l’on enregistre dans les antennes de la CENI.

Michel Bisa s’entretient avec Grace Amzati.

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