La cheffe de la MONUSCO, Mme Bintou Keita, en visite depuis jeudi 27 juillet dans la région de Beni au Nord-Kivu s’est rendue le vendredi à Lubero-centre où elle a eu plusieurs séances de travail. L’une de ces rencontres était avec des associations locales de femmes qui ont déclaré être honorées par cette visite, « la première d’une représentante spéciale depuis l’établissement de la Mission des Nations Unies en RDC en 1999 ». Bintou Keita les a rassurées du soutien total de la MONUSCO aux efforts des femmes pour lutter contre l’insécurité.
Des inquiétudes
Lors de ses interactions avec les différentes couches sociales de la place, la cheffe de la MONUSCO a évoqué le plan de transition de la MONUSCO et la situation sécuritaire. Concernant la situation sécuritaire, les interlocuteurs de Bintou Keita ont fait part de leur inquiétude face au retard constaté dans le démarrage effectif du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S). Le président du Conseil territorial de la Jeunesse, John Binakosa Kambale, s’est fait leur porte-parole :
« Depuis l’annonce du PDDRCS, nous avons assisté à l’efflorescence de nouveaux groupes armés dans ce territoire. Certainement attirés par la perspective d’être pris en charge. Notre crainte est que si ce programme tarde à se matérialiser ou même échoue, certains miliciens risquent de retourner dans la brousse, et d’autres de s’en prendre aux FARDC et surtout à la population civile ».
John Binakosa Kambale a par la suite plaidé pour une intervention de la Cheffe de la MONUSCO auprès du Gouvernement afin que ce programme démarre effectivement et que l’Etat restaure son autorité. Cela passe, selon lui, par entre autres par le renforcement de la présence des militaires des FARDC et des éléments de la Police dans la zone.
« C’est cette absence des forces de défense et de sécurité qui fait que les groupes armés prospèrent dans le Lubero », argumentent les participants.
« Nous sommes en train de partir du Congo »
Abordant le Plan de transition pour un départ graduel et responsable de la MONUSCO, Bintou Keita a expliqué que ce départ n’allait pas être automatique.
« Nous sommes en train de partir du Congo. C’est une certitude. Mais ce n’est pas automatique : on ne ferme pas une Mission de la taille de la MONUSCO en un jour, une semaine ou même un mois. Il faut un certain temps pour tout emballer », a-t-elle précisé.
Et d’ajouter : « à ce stade, il n’y a pas une date couperet pour dire que la MONUSCO partira tel ou tel jour ». Le travail, qui se fait conjointement avec le gouvernement congolais, avance, a déclaré Bintou Keita, avant d’inviter tous les Congolais à s’approprier ce processus.
Des femmes résilientes
Un autre temps fort de la journée de la cheffe de la MONUSCO à Lubero a été sa rencontre avec des associations de femmes. Ces dernières ont reconnu l’impact de la présence de la MONUSCO dans cette région en proie aux groupes armés. Elles ont ensuite salué l’accompagnement dont elles bénéficient de la Mission des Nations Unies pour leur contribution à la stabilité de la région. Malgré l’insécurité et les violences sexuelles dont elles sont victimes.
« Depuis que la MONUSCO est ici chez nous à Lubero, d’abord, nous avons bénéficié de plusieurs choses de sa part dont la Maison de la femme qui est le centre Mwanamke kwa amani na usalama. De deux, nous avons reçu des financements qui nous ont aidées à construire le marché de Lubero. Nous avons reçu beaucoup de formations, la MONUSCO a renforcé les capacités de toutes les couches sociales de la communauté de Lubero », reconnait Françoise Kahindo de l’Association villageoise d’épargne et de crédits de Lubero.
Une autre a tenu à rappeler la contribution des femmes à la stabilité de la zone :
« Si dans le Lubero, le sentiment anti-MONUSCO n’est pas aussi accentué, quelque part, c’est grâce au travail des femmes qui ont sensibilisé la communauté ; surtout les jeunes et les motards, à la cohabitation pacifique, à la non-violence et au travail de la MONUSCO ».
Autant de motifs de satisfaction pour Bintou Keita qui a profité de cet échange pour « saluer l’héroïsme, le dynamisme, la résilience et la contribution de ces femmes à la lutte contre l’insécurité et pour la paix ».
Elle a insisté pour que ces femmes dénoncent toutes formes de violences sexuelles et basées sur le Genre :
« Vous devez absolument en parler et dénoncer les violences sexuelles, même si quelque part, certaines pensent que cela fait partie de la vie de couple ».
Promettant d’être leur porte-voix auprès de partenaires, notamment les agences des Nations Unies ou même le Gouvernement, la cheffe de la MONUSCO a toutefois rappelé à ceux et celles qui sollicitent des « projets de développement » que « la MONUSCO est une Mission de maintien de la Paix et non une agence de développement ».