Plus de trois cents refugiés et demandeurs d’asile burundais sont descendus jeudi 28 janvier matin dans les rues d’Uvira (Sud-Kivu) pour réclamer leur rapatriement volontaire vers le pays d’origine. La majorité d’entre eux sont des femmes et des enfants. Ils avaient fui les hostilités au Burundi - certains depuis 2015, d’autres depuis 2017 - avant de traverser la frontière pour trouver refuge en RDC. Sur leur calicot, on pouvait lire leur souhait de retourner sans condition dans leur pays pour plusieurs motifs.
On pouvait les voir avancer en plusieurs groupuscules, certains avec des bagages sur les têtes, d’autres transportant des enfants au dos, et se diriger à pied vers la frontière de Kavimvira, entre la RDC et le Burundi. Ces réfugiés disent avoir passé plusieurs mois déjà au centre de transit de Kavimvira, certains en provenance de Mulongwe et Lusenda dans le territoire de Fizi et d’autres de Sange dans la plaine de la Ruzizi.
Ils déplorent les mauvaises conditions de leur prise en charge dans les camps :
« Depuis six mois, nous mangeons très mal, la ration alimentaire ne nous suffit plus. Quand nous allons cultiver les champs dans la communauté, au retour les hommes armés nous ravissent tout dans la brousse. Il vaut mieux pour nous d’aller supporter ces conditions chez nous, au Burundi, que de rester ici. »
C’est la deuxième manifestation sur les voies publiques des réfugiés burundais en l’espace de deux mois dans la ville d’Uvira. La dernière fois en décembre dernier, le HCR avait expliqué l’arrêt du mouvement de rapatriement volontaire de ces réfugiés burundais vers leur pays par la fermeture de la frontière congolo-burundaise à la suite de la COVID-19, l’impraticabilité de la route nationale entre les camps des réfugiés du territoire de Fizi et la frontière terrestre avec le Burundi ainsi que par la crise financière, créée par la pandémie de Coronavirus.
A Uvira, le président de la jeunesse de Kavimvira, Kiza Tiniko, plaide pour qu’une solution soit trouvée sur la situation de ces burundais :
« Nous les voyons déambuler partout ici dans le quartier en train de quémander, surtout les enfants. Et puis ces manifestions récurrentes dans notre quartier troublent l’ordre public. Il serait mieux que le Burundi ouvre ses frontières pour permettre au HCR de rapatrier ces Burundais chez eux. »
Le responsable de la Direction générale de migration (DGM) à la frontière de Kavimvira a signifié à ces personnes réfugiées de prendre leur mal en patience, le temps que les négociations aboutissent entre les deux pays avant que le HCR reprenne l’opération de rapatriement.
Certains réfugiés ne veulent pas entendre cela de cette oreille. Ils ont décidé de s’installer à côté de la frontière en face du Burundi voisin jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.