Les députés nationaux membres des regroupements politiques Ensemble pour le changement et Mouvement de libération du Congo (MLC) et Alliés ont signé vendredi 22 janvier, la motion de défiance contre le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Une motion de censure introduite au Bureau d’âge « pour parachever » le processus qui a commencé avec la déchéance du Bureau Mabunda, en décembre dernier. En signant ce document, Ensemble et MLC adhèrent à l’Union sacrée de la nation ? Non, rétorque le député Chérubin Okende. Leurs signatures ne signifient pas leur adhésion automatique à l’Union sacrée de la nation. Dans cette interview, il fustige aussi les propos de Jean-Marc Kabunda, qui a affirmé que Moïse Katumbi et Bemba ont exigé des postes à Félix Tshisekedi. « Je pense que nous devrons avoir une stature de véritable homme d’Etat pour éviter certaines dérives », dit-il. Interview.
Radio Okapi : Vous venez d’apposer votre signature sur la motion de défiance contre le Premier ministre Sylvestre Ilunga. Pourquoi c’est seulement aujourd’hui que vous décidez de signer cette motion ?
Chérubin Okende : Je dois d’abord rappeler que l’initiative de cette motion de censure revient à ma famille politique et personnellement à Chérubin Okende. C’est moi l’initiateur de la motion de censure. Ma motivation est que nous avons constaté les mauvaises performances du gouvernement, l’insécurité, la situation économique est par terre, il y a un désastre sur le plan social. Tout ça a motivé notre initiative pour interroger le gouvernement, compte tenu du programme présenter lors de son investiture.
Et vous pensez que ce programme n’a pas produit des résultats attendus ?
C’est un fiasco généralisé. Après avoir proposé l’initiative de la motion de censure, tous les amis qui incarnons aujourd’hui la volonté de changer systématiquement la gouvernance de notre pays, sous la vision partagée avec le Président de la République que nous appelons Union sacrée pour la nation, nous avons donc impulsé cette dynamique, parce que nous sommes en train d’envisager la mise en place réelle et conforme aux désidératas du peuple de cette nouvelle dynamique Union sacrée de la nation. Donc, c’est le parachèvement d’un processus qui a commencé par la déchéance du Bureau de l’Assemblée nationale et aujourd’hui, avec cette motion, nous espérons certainement que nous allons atteindre notre objectif, surtout que nous avons un couloir, ce temps de flottement, c’est le couloir que nous voudrions accorder au Premier ministre de sortir tête haute, en acceptent de remettre sa démission et celle de son gouvernement au Président la République. Mais la sagesse de Sylvestre Ilunga n’a pas été rencontrée, voilà pourquoi nous sommes finalement obligés d’actionner la finalisation de cette motion de censure.
Cela veut dire qu’à travers vos signatures de cette motion de censure, vous venez d’adhérer à l’Union sacrée de la nation, vous, Ensemble pour la nation et le Mouvement de libération du Congo (MLC) et alliés ?
Pas du tout. C’est pourquoi je nuance bien mon expression. La vision partagée avec le Président de la République pour que nous puissions construire un large consensus national autour d’une union sacrée est une vision que nous devons formaliser. Lorsque nos leaders, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi ont rencontré le Président de la République, ils lui ont donné un cahier de charges où nous devrions d’abord circonscrire le cadre de l’Union sacrée. C’est-à-dire donner une forme qui soit compatible avec la vision et déterminer les axes prioritaires de la gouvernance pour que nous ne tombions plus dans les mêmes erreurs et incohérences que la coalition FCC-CACH et définir le profil de ceux qui sont susceptibles d’animer nos institutions pour éviter de déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul.
Vous ne pensez pas que vous êtes trop exigeants et que c’est pour cela que le député UDPS Jean-Marc Kabund a affirmé récemment qu’en cherchant à adhérer à l’Union sacrée, Katumbi et Bemba sont en quête des postes ?
Il ne s’agit pas de cela. C’est la nébuleuse de cette coalition FCC-CACH qui a fait qu’au lieu de circonscrire le cadre, ils se perdaient deux années durant, dans des querelles byzantines, des chamailleries puériles, manque de maturité politique, au lieu de construire et d’investir pour le pays. En plus, nous avons trouvé que c’était un comportement indélicat lorsque le président intérimaire de l’UDPS, l’honorable Jean-Marc Kabund se permet de déclarer des choses qui ne sont pas dans la quintessence de l’audience que le Chef de l’Etat a accordée à Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, audience à laquelle lui en tant que représentant de l’UDPS a aussi participé. Je pense que nous devrions avoir une stature de véritable homme d’Etat pour éviter certaines dérives. Nous avons produit un communiqué conjoint des groupes parlementaires pour fustiger ce comportement peu recommandable de l’honorable Jean-Marc Kabund.
Propos recueillis par Guy Mathe.