Procès du meurtre des experts ONU: les étonnantes révélations du relevé téléphonique de Vincent Manga

Au cours de l’audience du jeudi 7 février au procès du meurtre des experts de l’ONU, le ministère public a présenté au tribunal militaire de Kananga un relevé téléphonique qui révèle que l’un des principaux accusés Vincent Manga a entretenu une abondante communication avec plusieurs personnes suspectées d’avoir participé au meurtre de Zaida Catalan et Michael Sharp. Plus étonnant : M. Manga a reçu des appels émis à partir du téléphone de Michael Sharp, deux mois après la mort des experts.

Compte-rendu d’audience.

Avant d’entrer dans les détails du relevé téléphonique, le ministère public demande à Vincent Manga de donner au tribunal son numéro de téléphone. Le prévenu affirme ne plus s’en souvenir, affirmant n’avoir plus touché à son téléphone depuis mars 2017 quand il l’a perdu.

Le ministère public dit trouver curieux que Manga ait perdu son téléphone au cours du même mois où les experts sont exécutés.

Il insiste et le prévenu finit par concéder que son numéro de téléphone se termine par les chiffres 5 et 9. Le ministère public présente alors un numéro identifié par un opérateur téléphonique comme appartenant à Vincent Manga. Il se termine bien par 5 et 9.

L’accusation révèle ensuite, relevé téléphonique à l’appui, une abondante communication après le meurtre entre Vincent Manga et plusieurs présumés miliciens cités au cours de ce procès: Augustin Tshiakwisa, Clément Tshiakwisa, Jean Kutenalu, Kafeli. Autant de personnes citées par certains prévenus et renseignants comme ayant personnellement participé à l’exécution des experts. Elles sont toujours recherchées par la justice militaire.

Si Vincent Manga dit reconnaitre certains d’entre eux, il affirme cependant ne pas se souvenir avoir discuté avec eux au téléphone.

Autre chose révélée par l’examen du relevé téléphonique : au cours du mois de mai, deux mois après la mort des experts, le numéro de téléphone de Michael Sharp appelle à plusieurs reprises Vincent Manga. Le 5 mai 2017, par exemple, les deux numéros sont en conversation pendant plus de 10 minutes. Le lendemain, deux communications sont établies entre les deux numéros.

«Une communication soutenue», commente le ministère public, ajoutant : 

«Manga sait avec qui il a parlé à travers le numéro de Michael Sharp».

«Je ne connais pas la personne qui a utilisé ce numéro de téléphone pour m’appeler», répond le prévenu.

L’avocat de Manga intervient alors pour alléguer que ce relevé téléphonique ne prouve en rien la culpabilité de son client.

«Est-ce qu’avec des simples relevés téléphoniques on peut arriver à asseoir la culpabilité de Vincent Manga ?», s’interroge Me Trésor Kabangu qui demande le contenu de toutes ces conversations téléphoniques.

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