La Représente spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC a lancé ce jeudi 26 juillet un appel à toutes les parties prenantes au processus électoral pour qu’elles saisissent cette « occasion historique » de permettre la tenue d’élections crédibles le 23 décembre afin d’offrir un avenir plus stable au peuple congolais.
À cinq mois des élections, prévues le 23 décembre prochain, les préparatifs ont atteint un tournant important avec l’ouverture, mercredi 25 juillet, des bureaux de réception des candidatures pour les élections présidentielle et législatives, a déclaré Mme Leila Zerrougui, devant le Conseil de sécurité.
Ces scrutins continuent de susciter de grandes attentes tant au sein de la population congolaise qu’au niveau de la communauté internationale, car elles revêtent d’importants enjeux dans la perspective de la consolidation de la stabilité de la RDC et de toute la région, a-t-elle analysé.
Alors que des progrès significatifs ont été enregistrés pour respecter les étapes cruciales du calendrier, a poursuivi la Représentante spéciale, le processus électoral continue de souffrir de « suspicion et de méfiance » entre la majorité et l’opposition, et entre l’opposition et la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Les griefs de l’opposition portent, entre autres, sur la machine à voter, le fichier électoral et le non-remplacement du délégué de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) au sein du bureau de la CENI, a-t-elle précisé.
Ces griefs viennent d’être réitérés, dans une déclaration publiée le 23 juillet à Kinshasa, par un groupe de cinq partis et plateformes politiques de l’opposition comprenant l’UDPS, Ensemble, l’Union pour la nation congolaise (UNC), le Mouvement de libération du Congo (MLC), et la Dynamique de l’opposition. Cette Déclaration exige également le retour des figures emblématiques et la libération des prisonniers politiques dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de décrispation prévues par l’Accord de la Saint-Sylvestre.
Par ailleurs, le 24 juillet, M. Jean-Pierre Bemba, Président du MLC et candidat désigné de son parti à la présidentielle, a tenu sa première conférence de presse à Bruxelles pour confirmer son retour à Kinshasa le 1er août, afin de déposer sa candidature. Le même jour, M. Moïse Katumbi d’Ensemble a également annoncé son retour sans toutefois préciser la date. Mme Zerrougui a ajouté que la nouvelle plateforme politique, le Front commun pour le Congo (FCC), dont l’autorité morale est le Président Kabila, n’a pas encore désigné son candidat à la présidentielle.
La Représentante spéciale s’est dite encouragée par le fait que tous les partis politiques aient enregistré avec succès leurs candidats aux élections provinciales, soit 18.000 au total, dont 12% de femmes, pour 715 sièges à pourvoir.
Les conditions d’une situation équitable ne sont pas encore réunies
La chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) s’est cependant dite préoccupée par la faible mise en œuvre des mesures de renforcement de la confiance.
Si le Ministre de la Justice a annoncé la remise en liberté de 4.109 prisonniers, aucune figure emblématique ne se trouvait parmi eux. En outre, des manifestations pacifiques ont été annulées, et les acteurs de la société civile et les opposants politiques font l’objet d’arrestations arbitraires et les journalistes subissent des menaces. "En conséquence, les conditions d’une situation équitable ne sont pas encore réunies, et en l’absence de progrès sur ces fronts, la crédibilité et le caractère inclusif des élections pourraient être mis en cause", a-t-elle prévenu.
Sur le plan logistique, comme le gouvernement congolais a l’intention de financer les scrutins sans soutien extérieur, la CENI n’a pas contacté la MONUSCO qui est mandatée par le Conseil de sécurité pour apporter son aide.
Une situation toujours fragile sur le plan sécuritaire
S’agissant de la sécurité, la Représentante spéciale a fait état d’une situation fragile, qui s’est même détériorée dans certaines régions du pays, en particulier les Kasaï, où sévissent toujours des miliciens armés, le Nord-Kivu, où opèrent les Forces démocratiques alliées et aussi les provinces du Sud-Kivu, du Maniema et du Tanganyika.
Mme Zerrougui a toutefois noté que les tensions à Djugu, dans la province de l’Ituri, viennent de s’atténuer, grâce aux efforts de la MONUSCO. Elle a néanmoins porté à l’attention du Conseil de sécurité le fait que le personnel de la Mission est de plus en plus souvent pris pour cible, comme cela a été le cas à Beni et à Uvira.
Elle a fait état des préoccupations croissantes des employés de l’ONU à propos de leur sécurité, alors que la MONUSCO devra, dans les mois à venir, opérer dans un environnement de plus en plus tendu avec des ressources inférieures de 38,8 millions de dollars à la proposition budgétaire du Secrétaire général.
« Si je le mentionne, ce n’est pas pour plaider pour davantage de ressources – nous connaissons tous la nouvelle réalité financière auxquelles font face les opérations de maintien de la paix –, mais parce qu’il importe de comprendre qu’alors que les ressources diminuent, le mandat de la MONUSCO reste le même et que les attentes continuent de croître », s’est-elle expliquée.
La capacité de réaction des Casques bleus aux risques émergents sera limitée, en particulier dans des zones fortement peuplées ou au contraire isolées, a souligné la Représentante spéciale.