Au deuxième jour de leur arrestation à Goma (Nord-Kivu), quatre jeunes artistes congolais ont été transférés samedi 24 juin à la prison centrale de Goma, «Munzenze». Ils avaient été arrêtés alors qu’ils manifestaient au Rond Signerse à travers l’art plastique pour protester contre les massacres et tueries des personnes à Beni et dans les Kasaï et préparaient l’exposition de leurs œuvres prévue pour ce dimanche.
Benoit Mugabo, Benito Mupenzi, Precy Numbi et Cruzz Taylor sont connus en ville de Goma comme étant des artistes engagés. Mais, ce vendredi, ils ont choisi le grand rond-point de la ville «Signerse» pour attirer l’attention du public afin de découvrir l’expression de leur art plastique par rapport à la situation qui prévaut en République démocratique du Congo. La police congolaise est venue les arrêter, interrompant leur manifestation.
Ils ont été amenés manu militari au parquet de grande instance pour trouble à l’ordre publique. Le mouvement citoyen «Lutte pour le changement» (Lucha) dénonce cette arrestation qu’il juge arbitraire et demande la libération sans condition de ces artistes, qui viennent d’être transférés à la prison de Munzenze.
Un des magistrats du parquet qui suit de près ce dossier affirme de son côté que, même si la loi congolaise autorise la manifestation publique, ces jeunes artistes plasticiens «ont pêché par le fait de n’avoir pas demandé l’autorisation au maire de la ville.»
Ces derniers, poursuit la même source, «ne sont donc pas des bandits, car n’ayant pas un casier judiciaire au parquet. Cependant, les messages inscrits sur leurs calicots - qui appellent la population à la désobéissance civile, aussi, les battons et les lampes à tempêtes qu’ils avaient - sont des armes blanches qui prouvent à suffisance qu’ils sont des personnes à craindre.»