Les participants aux discussions directes, sous l'égide de la CENCO, ne parviennent toujours pas à aplanir leurs divergences et à procéder à la signature de l’accord de paix.
Le Nonce apostolique, Mgr Luis Mariano Montemayor qui est sorti, samedi 31 décembre, de la salle des négociations affirme qu’il y a deux problèmes, sans les citer, qui bloquent la signature de ce document.
Il ajoute qu’à l’allure où se déroulent les négociations, si les divergences continuent toujours à persister, les évêques vont se retirer et attribuer la responsabilité de l’échec des travaux aux politiciens.
«Il y a au moins deux détails qui sont difficiles à surmonter. L’essentiel du texte est déjà concordé. On attend que toutes les délégations puissent avoir le bon sens de donner au peuple congolais la joie de fêter la nouvelle année sans le sens d’angoisse. En ce qui nous regarde, j’ai parlé avec les évêques, c’est ce qu’on avait déjà décidé, aujourd’hui on a la signature, sinon l’Eglise se retire de bons offices. C’est ça notre plan B : on va se retirer mais en informant la population qui est responsable de cet échec», révèle Mgr Luis Mariano Montemayor.
L’ambassadeur du Vatican en RDC reconnait néanmoins que l’accord ne mettra pas fin aux problèmes congolais, mais il va constituer un cadre juridique incontournable.
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«L’accord ne sera pas la fin de tous les problèmes. Mais on aura un cadre juridique qui n’existe pas en ce moment. La constitution dit clairement que le président a fini son deuxième mandat. Quelle est la légalité de ce gouvernement s’il n’y a pas un consensus élargi», s’interroge-t-il.
Pomme de discorde
Des sources contactées par Radio Okapi au Centre interdiocésain renseignent que la Majorité présidentielle voudrait que l’article 5 de la constitution soit mentionnée dans l’accord. Ce qui nécessiterait que ce texte soit soumis au referendum populaire, précisent les mêmes sources.
Le Rassemblement qui réclame la Primature tient à ce que le Premier ministre soit désigné par ses membres.
«Qu’est ce qui a fait que l’on soit à l’impasse ? Le Premier ministre sera désigné par le Rassemblement ou sera issu du Rassemblement ? Le blocage est artificiel. Qu’est ce qui est caché derrière « issu » ? Pourquoi on ne nous responsabilise pas ? S’il vient du Rassemblement, c’est le Rassemblement qui le désigne. Et le président de la République prendra l’ordonnance qu’il faut. Donc là, le président de la République devrait avoir les compétences liées», se justifie Ingele Ifoto, membre du Rassemblement.
Il note que les mesures de décrispation ne sont pas négociables. «Pourquoi voudriez-vous que des gens qui sont connus, de notoriété publique, qui sont là parce qu’il y a un procès politique. Pourquoi voulez-vous qu’on garde ces gens en geôle ? Pourquoi voulez-vous que ces gens soient en exil, alors que nous cherchons la réconciliation nationale ? », S’est interrogé Ingele Ifoto.
L’opposition signataire de l’accord du 18 octobre boude
Une frange de la délégation de l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre dernier menace de ne pas signer le compromis politique qui sanctionnera les discussions directes entre acteurs politiques sous les auspices de la CENCO.
Dans une déclaration faite samedi 31 décembre à la presse, le porte-parole de cette délégation de l’opposition, Jean-Lucien Busa relève des dissensions majeures qui réduisent la crise politique congolaise à la dimension des individus. Pourtant, souligne toujours Jean Lucien Busa, ce qui importe serait de trouver une réponse globale, techniquement faisable et politiquement acceptable pour la nation congolaise.
«Etant donné que le MLC a quitté par ailleurs les discussions directes, le compromis politique ou l’accord qui sera signé ne sera pas inclusif. Deuxièmement, on note la focalisation de l’accord sur la réponse aux problèmes de quelques individus, deux ou trois. L’un doit être nécessairement président du comité de suivi, l’autre doit être nécessairement Premier ministre, l’autre encore doit nécessairement revenir au pays. On n’est pas contre. Aujourd’hui donc, la délégation de l’opposition politique au dialogue, annonce à l’opinion tant nationale qu’internationale que si le compromis politique que proposent les évêques a pour substance la réponse aux problèmes individuels de quelques acteurs politiques d’une part et d’autre part qu’il n’est pas inclusif, nous n’allons pas signer ce compromis politique. On ne peut pas réduire la crise congolaise sur les intérêts de quelques individus», analyse Jean-Lucien Busa.
Il dénonce par ailleurs « des recommandations de la CENCO taillées sur mesure » pour satisfaire un seul groupe.