Dans une lettre adressée jeudi 23 décembre au maire de Lubumbashi, Jean Oscar Sanguza, l’ONG Action contre l’impunité pour les droits humains (ACIDH) dénonce un accroissement des restrictions à la liberté d’expression et de manifestation dont font l’objet les personnes qui émettent une opinion contraire à celle de la famille politique du chef de l’Etat.
L’ACIDH fait notamment état d’une discrimination appliquée pour les autorisations accordées pour l’organisation des manifestations publiques.
Le directeur exécutif intérimaire de l’ONG, Donat Mpiana Ben-Bellah, indique que malgré l’interdiction des manifestations publiques décidée par le maire, des manifestations organisées par des membres de la famille politique de Joseph Kabila se sont déroulées sans aucune restriction.
«Le 29 octobre, le maire de la ville avait rappelé par un communiqué officiel l’interdiction qui couvrait les manifestations publiques sans son autorisation écrite. Le numéro 1 du PPRD qui était arrivé à Lubumbashi a tenu des activités politiques sans restriction aucune. A l’arrivée des commissaires [spéciaux de nouvelles provinces], il y avait eu des manifestations sans restriction de quelque nature que ce soit », affirme Donat Mpiana Ben-Bellah.
Le directeur exécutif intérimaire de l’ACIDH regrette que le maire n’accepte pas que les personnes «qui ont un avis contraire, une opinion contraire à celle de la famille politique du chef de l’Etat puisse manifester librement leurs opinions».
Alors que, affirme-t-il, le maire lui-même vient d’organiser une manifestation de soutien au dialogue politique annoncé par le chef de l’Etat.
« Le 19 [décembre], une marche avait été organisée à son initiative en soutien au dialogue national qui est en vue et au président de la République. La journée avait été déclarée non chômée mais vous allez vous rappeler que tous les magasins et établissements avaient été fermés. Ce n’est qu’après qu’ils ont été rouverts. Nous estimons qu’ils ont exercé une pression pour amener ces gens à ne pas ouvrir leurs magasins et [à prendre] part à la marche», relate Donat Mpiana Ben-Bellah.
Il invite le maire de Lubumbashi de mettre fin à ces agissements qu’il qualifie de discriminatoire.
Radio Okapi n’a pas réussi à joindre le maire pour recueillir son point de vue sur ces accusations.
Le 17 décembre dernier, l’Union nationale des démocrates fédéralistes (Unadef), un parti de la majorité qui a basculé dans l’opposition, avait dénoncé l’interdiction par la mairie de Lubumbashi de la manifestation organisée par ses militants pour accueillir son président fédéral, le député Christian Mwando.
La mairie avait jugé inopportune l’organisation de cette manifestation, estimant que le député Christian Mwando rentrait chez lui à Lubumbashi pour les vacances parlementaires et que cette rentrée ne pouvait faire l’objet d’une quelconque manifestation publique.